Aucune carte ne mentionne l'existence de la république indépendante du Saugeais. Pourtant, depuis 1947, ce petit territoire du haut Doubs a un président, un premier ministre, un douanier et un hymne national. Folklore? Oui et non. Car la république du Saugeais est le reflet d'un pays spécifique construit autour d'une abbaye (Montbenoît), autour d'une histoire et de traditions fortes. Le val Saugeais est un îlot en Franche-Comté, une parenthèse et parfois un gros point d'interrogation car sait-on vraiment si la république du Saugeais, c'est du lard ou du cochon?
Origines de la République du Saugeais
Vers 1150, Landry Sire de Joux, désirant racheter les fautes de ses ancêtres, fait don d'un territoire inculte à Monseigneur Humbert, Archevêque de Besançon. Celui-ci, pour défricher la région, fait appel aux chamoniers régulier de Saint Augustin, à Saint Maurice en Valais, en Suisse, qui acceptent avec eux des colons du canton des Grisons et des Savoyards.
Ce sont là les premiers habitants du Saugeais. Ils apportent avec eux leur langue, qui fut parlé couramment jusqu'en 1900 ainsi que leurs coutumes et leurs traditions.
Dans la région où ils s'établissent, vivent des ours, des loups, des animaux sauvages et du gibier, qui permettent aux hommes de se nourrir. Le Doubs, très poissonneux, apporte un complément intéressant.
Vers l'an 1100, un ermite du nom de Benoît vit avec une petite communauté qui se joint à celle des moines, et donne son nom à Montbenoît. Ces religieux avaient à leur tête Narduin et vivaient sous la règle de Saint Colomban. Ils défrichent la région, construisent l'abbaye, autour de laquelle vont se grouper onze communes, qui représentent 3500 habitants.
Ce sont Montbenoît, La Longeville, Ville du pont, Hauterive, Les Alliés, Arçon, Bugny, La Chaux de Gilley, Maisons du Bois-Lièvremont et Montflovin. Tous ces villages se sont construits les uns après les autres; d'abord Montbenoît et Arçon, puis aux environs de 1744 on signale l'existence de Montflovin et Hauterive.
Longtemps, l'église de Montbenoît fut la seule du secteur : on y venait de loin pour suivre les offices, et c'est à l'ombre de son clocher que l'on y enterrait les morts. Le Saugeais a été sous la domination des Sires de Joux ( jusqu'au XIVème siècle) puis passa sous l'autorité des moines de l'abbaye, véritable puissance Seigneuriale, qui levait une foule de redevances. L'abbaye fut fermée en 1773.
Naissance de la République du Saugeais
En 1947, pour le Conseil de Révision, Monsieur Ottavianni, préfet du Doubs, en visite à Montbenoît, prend son repas à l'Hôtel de l'abbaye, tenu à l'époque par Monsieur et Madame Georges Pourchet; "Avez-vous un laissez-passer, Monsieur le préfet, pour entrer dans la République du Saugeais ?" demande Monsieur Pourchet. Le préfet sourit, l'hôtelier lui explique ce qu'est cette République. "Mais pour une République, il faut un président ; je vous nomme Président de la République libre du Saugeais". Monsieur Pourchet décédait en 1968.
En 1970 Madame Pourchet quittait l'Hôtel de l'abbaye et en 1971 se mettait à la disposition du prêtre de la paroisse, Monsieur l'Abbé Jeantet, qui depuis 1965 s'occupait de restaurer l'abbaye, un chef d'œuvre en péril.
Notre prêtre actuel, Monsieur l'abbé Monnin, prêtre très charitable assume la responsabilité de trois paroisses : Bugny, Arçon, Montbenoît.
Mme Gabrielle POURCHET est décédée à l'age de 99 ans, le 31 août 2005 aux grands regrets de ses saugets. Ses obsèques ont eu lieu à l'Abbaye de Montbenoit. Cependant, en février 2001, lors de la signature de la charte de la République du Saugeais, Mme Gabrielle POURCHET avait coopté 30 représentants pour élire le ou la Président(e) lui succédant. L'application de la charte de la République étant effective que par démission ou décès. C'est pour respecter cette charte que, le samedi 28 janvier 2006, l'élection du ou de la futur(e) président(e) a eu lieu. Après vote des représentants, Georgette BERTIN - POURCHET, fille de Georges et Gabrielle POURCHET, a été élue Présidente de la République du Saugeais.
Georgette BERTIN POURCHET est née le 29 mai 1934 à Montbenoit, elle suit des études et travaille ensuite dans le restaurant familial. En 1957, elle épouse Léon BERTIN à Madagascar. Quelques années plus tard, elle regagne Montbenoit et aide ses parents qui exploitent le très renommé hôtel restaurant de l'Abbaye. Elle s'installe en 1970 à Pontarlier. Son mari décède en 1990 et sa maman vient s'établir chez elle à cette date.
Les institutions de la République du Saugeais
Cette république qui n'a pas beaucoup de démocratie ni de soucis d'élections -les présidents sont choisis par une poignée de citoyens- , sans véritable institutions -un premier ministre et un service de douane représenté par un seul homme-, la république a petit à petit pris corps.
Gentiment accepté et toléré par les élus locaux ou représentant de l'état, revendiqué par les Saugeais et les acteurs touristiques, ce pays "libre" s'est installé dans les mœurs et fait désormais partie des meubles.
Un timbre a même été édité, en 1987, pour le trentième anniversaire de sa fondation, l'hymne Saugeais est devenu l'hymne national et, chaque année, la journée d'intronisation des citoyens d'honneur revêt un caractère aussi important, ici, que la "Garden Party" de l'Élysée. La république indépendante du Saugeais a placé à sa tête une femme , Georgette BERTIN POURCHET, qui se fait fort d'assumer très sérieusement sa fonction.
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