Devez vous interdire le musée d’Orsay à vos enfants…

 

Après plusieurs plaintes auprès de la police, deux galeristes niçoises ont été sommées sous peine d'amende et de fermeture de retirer de leur vitrine un nu inspiré de "L'origine du monde", l'oeuvre de Gustave Courbet...

"En cinq minutes d'exposition à peine, cette toile qui n'a pas d'autre prétention que d'être un hommage à Courbet a déclenché une véritable tempête", a déclaré Brigitte Helenbeck l'une des deux directrices de la galerie.
Quelques instants seulement après l'accrochage dimanche de la toile hyper-réaliste de deux mètres sur deux représentant un sexe féminin, deux policiers ont fait irruption dans la galerie ordonnant qu'elle soit décrochée et disposée de telle sorte qu'elle soit invisible de l'extérieur.
Ils ont précisé que la mention "interdit au moins de 18 ans" devait aussi figurer à l'entrée de la galerie.
"Pour nous, ces plaintes, ces dénonciations de passants ou du voisinage ainsi que l'intervention de la police sont une totale régression", a estimé Brigitte Helenbeck.

L’origine du monde de Gustave Courbet exposé au musé d’Orsay depuis 1995.
Le scandale autour du tableau de Gilles Traquini intervient 140 ans après la tempête provoquée par Courbet avec "L'origine du monde", l'un des nus les plus célèbres de la peinture française.
"On peut aimer l'art mais refuser cet outrage", a jugé une habitante du quartier, "il y a des enfants qui passent par là, il y a une école à proximité de la galerie", a ajouté une autre.
Soucieuse d'apaisement, la galerie a pris ses dispositions pour que la toile ne soit plus visible de la rue.

L'Origine du monde. Histoire d'un tableau de Gustave Courbet


Vers 1866, Courbet vendit à un diplomate ottoman une toile de dimension modeste représentant le sexe d'une femme. On ne sait qui du peintre ou de l'acheteur eut l'initiative du sujet.

Un siècle plus tôt, questionné sur ce qui comptait pour lui dans l'apparence féminine, Casanova avait eu cette piquante réponse:
«Dans l'examen de la beauté d'une femme, la première chose que j'écarte, ce sont les jambes.»

C'est l'avis de Courbet, l'éclat du séducteur en moins. l'artiste, à l'âge où il peignit L'Origine du monde, s'était considérablement empâté, presque jusqu'à l'obésité, sa barbe drue et ses cheveux sentaient toujours un peu le vieil alcool et le tabac à pipe froid; il s'habillait sans recherche, buvait quotidiennement, disait-on, six litres de vin, sans compter les pintes.»

L'acheteur, Khalil Bey, était un viveur célèbre. Après trois ans de noce, il vendit ses meubles et ses collections pour retourner dans son pays.
Il y mourut d'une syphilis. Au commissaire-priseur chargé de disperser ses toiles, il aurait dit: «Les femmes m'ont trompé, le jeu m'a ruiné et mes peintures m'ont fait gagner de l'argent.» Dans le cas de L'Origine, on ignore combien: la toile ne fut pas comprise dans la vente publique.
 
 


Gustave Courbet
photographié par Nadar

Jacques Lacan médecin psychanalyste français est né à Paris le 13 avril 1901,
il décède à Paris le 09 septembre 1981.

La trace du tableau se perdit jusqu'en 1913, lorsqu'un baron hongrois d'origine juive, Ferenc Hatvany, l'emporta à Budapest. En 1945, sa collection fut pillée par l'Armée rouge et transportée à Moscou. L'Origine du monde, avec 17 autres toiles, fut vraisemblablement rachetée par Hatvany à un officier russe.

Elle fut acquise par Jacques Lacan en 1954 ou 1955, puis remise au musée d'Orsay en 1995, quatorze ans après la mort du psychanalyste, en paiement des droits de succession.