L'art gothique est né parce que les évêques voulaient plus de lumière…

Vers 1130, à Sens, au sud-est de Paris, un nouveau style architectural apparaît subrepticement, léger, élancé, lumineux, lors de la construction de la cathédrale Saint-Étienne...

Il sera plus tard tourné en dérision par les artistes de la Renaissance et qualifié de «gothique» («digne des Goths barbares !») par Raphaël lui-même.

Lieu de naissance : le Bassin parisien
Pour l'heure, ce style tout à fait original est baptisé «ogival», par référence à l'ogive ou à l'arc brisé, ou encore «art français» car il naît et se diffuse dans le Bassin parisien, à Sens, Saint-Denis, Laon, Noyon, Paris.

Il se substitue rapidement à l'art roman ou romain, c'est-à-dire d'inspiration byzantine. Cet art religieux s'était épanoui en Occident après l'An Mil, à l'occasion du renouveau de l'Église. Il se caractérisait par une voûte en berceau d'une seule travée soutenue par de solides parois en pierre.

À sa différence, le nouveau style «ogival» conçoit des voûtes par travée, chaque voûte étant supportée par les quatre piliers de la travée. Les murs n'ont dès lors plus rien à supporter. Ils peuvent être amincis et percés de hautes verrières... Chaque évêque un tant soit peu ambitieux veut dès lors une cathédrale plus haute et plus lumineuse que celle du voisin !

Symbolisme et raison
Dans la construction des églises, l'art ogival reprend la forme de croix latine en honneur dans les églises romanes, avec une nef centrale et deux nefs transversales (les transepts). Il tire par ailleurs profit de l'invention de la croisée d'ogives et des arcs- boutants pour multiplier les ouvertures dans les murs et porter la nef à de très grandes hauteurs.

– La voûte d'arêtes. La voûte de la nef est constituée de demi-cylindres qui se pénètrent à angle droit. Les ogives sont des nervures en pierre destinées à cacher les irrégularités des raccords aux arêtes de la voûte.

Chaque croisée d'ogives forme dans la voûte quatre arcs brisés qui se croisent au centre et dont les pieds reposent sur des piliers. Le poids de la voûte est ainsi tout entier supporté sur ses quatre angles par de puissants piliers.

Les murs latéraux peuvent être ainsi évidés pour faire place à de grandes verrières (vitraux ou rosaces).

– les arcs-boutants. L'effort qui s'exerce sur les piliers est équilibré par des contreforts extérieurs, rectilignes ou inclinés, avec une fonction d'étai. Pour que ces étais ne s'écrasent pas eux-mêmes sous la pression de la voûte de la nef, ils sont supportés par un arc. C'est l'arc-boutant.

– Le triforium. Le triforium, galerie supérieure, a été au départ nécessité pour cacher la partie opaque des murs de la nef, où s'appuient les toitures du déambulatoire. Il deviendra à terme purement décoratif.

– Les gargouilles. Les gargouilles évacuent les eaux de pluie en les empêchant de ruisseler le long des façades.

Soulignons-le : l'art ogival est rationnel. Il se signale par la valorisation de la structure (arc brisé, arc-boutant, croisées d'ogives....) et l'absence de décoration superflue. Il est avant tout symbolique et l'on peut en apprécier toute la beauté en contemplant la façade abondamment sculptée et surtout l'intérieur de la nef.

Compagnons et techniques de construction
Contrairement à des idées reçues, l'art ogival n'est pas anonyme. Les maîtres d'ouvrage et les architectes se font représenter au coeur de leur oeuvre. Ainsi, dans la basilique de Saint-Denis, le maître d'ouvrage, l'abbé Suger, figure sur plusieurs vitraux et diverses inscriptions citent son nom.

Dans plusieurs cathédrales, le nom de l'architecte en chef se retrouve au coeur du «labyrinthe». Ce dallage symbolise au milieu de la nef le chemin qui mène à Jérusalem. Certains architectes comme Pierre de Montreuil, qui a construit la Sainte Chapelle, sont très célèbres.

Le maître d'ouvrage qui finance la construction d'une cathédrale est en général constitué par le chapitre, c'est-à-dire l'ensemble des chanoines du diocèse concerné (ce sont les prêtres qui entourent et assistent l'évêque).

Le chapitre fait appel à la fortune de ses membres et n'hésite pas à piocher dans les ressources du diocèse (dons des fidèles, revenus des propriétés).

Article écrit par les Amis d'Hérodote www.herodote.net

Sans pour autant vouloir construire une cathédrale, si, en tant que maître d'ouvrage, vous avez un projet de construction, n'hésitez pas à vous faire aider, notamment pour la rédaction de vos cahiers des charges :

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