La Cadillac Eldorado, voiture de rêve

Créée en 1902 la firme Cadillac célèbre son cinquantenaire en 1952, anniversaire que les américains appellent "golden jubilee" (le jubilé d'or). Les modèles de l'année arborent d'ailleurs sur leurs capots des motifs dorés au lieu de leurs motifs chromés habituels (une caractéristique reprise pour les modèles de 1954 à 1958). Pour l'occasion, Cadillac expose un "dream car" qui présente la somme des compétences techniques et stylistiques de ses ingénieurs...

Ce prototype rencontre un tel succès que les responsables de la marque décident de le produire en série l'année suivante. Un concours est alors organisé en interne à la société pour en trouver le nom, et c'est la secrétaire du département des ventes, Mary Ann Zukosky (épouse Marini), qui le remporte en proposant le nom Eldorado, version américanisée de l'espagnol "El Dorado" (le doré) qui évoque le chef mythique d'une tribu sud-américaine pré-colombienne dont le corps, à l'occasion des cérémonies, était recouvert d'une poussière d'or qu'il enlevait en se plongeant dans un lac. Le nom se rapporte également à une cité légendaire à la richesse fabuleuse, quelque part en Amérique du Sud, qui a suscité de nombreuses expéditions infructueuses. Toutefois, selon le magazine Palm Springs Life, le nom viendrait du "Eldorado Country Club", un club de détente de Coachella Valley, en Californie, fréquenté par les cadres de la General Motors1. Quoi qu'il en soit, ce nom semblait tout à fait approprié en cette année du jubilé d'or, et parfaitement adapté à la clientèle des "golden boys" visée par Cadillac...

1er modèle à propulsion, l'Eldorado de 1953
Après son formidable succès en tant que "dream car", l'Eldorado est lancée en production limitée. Ce luxueux cabriolet 4/6 places (l'usine le désigne comme un Sport Convertible Coupe), long de 5,61 m, est établi sur la base d'un cabriolet de la Series 62, avec un empattement de 3,20 m. L'Eldorado est la première Cadillac à recevoir un pare-brise panoramique.

Eldorado 1953

Sa capote est entièrement dissimulée sous un couvre-tonneau en métal ; fabriquée en orlon, elle peut être blanche ou noire. L'équipement comprend une sellerie en cuir (disponible en noir, noir et blanc, bleu, bleu et blanc, rouge, rouge et blanc) une radio à présélecteur automatique, des roues à rayons et des pneus à flanc blanc, des feux anti-brouillard et un rétroviseur côté conducteur. Le moteur est un V8 de 5,4 litres qui développe 210 ch à 4150 tr/min, la boîte de vitesses est automatique. Vendue à 7 750 $, soit deux fois plus cher que la moins chère des Cadillac (le coupé 2 portes à 3 571 $), l'Eldorado est produite en 532 exemplaires.

1er modèle à traction à partir de 1967
Depuis l’apparition de l’Eldorado en 1953, et à l’exception des modèles de 1957 et de 1958 ainsi que de l’Eldorado Brougham de 1959 et de 1960, les Eldorado sont davantage restées des versions à la finition particulière des cabriolets et coupés hard-top de la Série 62.

Au début des années 1960, l’idée d’une Cadillac à l’allure unique, sportive et personnelle fait son chemin. Sous la conduite de Bill Mitchell, le responsable du style de la GM, et de Chuck Jordan puis de Stanley Parker, les responsables du style de Cadillac, les dessinateurs travaillent sur un projet de renaissance d’un modèle à moteur V16, avant de passer à un projet de voiture à traction avant, basé sur une plateforme commune à Cadillac et à Oldsmobile.

C’est ainsi que la nouvelle Eldorado, lancée en septembre 1966, ne doit plus rien aux autres modèles de la marque, à l’exception de son moteur V8 de 7 litres et 340 ch, et elle marque l’histoire de la firme en devenant la première Cadillac à traction avant. Sa fabrication nécessite d’ailleurs une chaîne de montage spécifique dans l’usine de Clark Street, à Detroit. Réalisée sur un empattement de 3,05 m (le plus court sur une Cadillac depuis 1913 !), la carrosserie de 5,60 m de long de cette nouvelle Eldorado affiche des lignes aiguisées, superbes de rigueur et de proportions malgré des porte-à-faux démesurés et des volumes massifs. Les phares avant sont dissimulés par une trappe intégrée dans la grille de calandre, les pare-chocs ne débordent pas sur les côtés, un bas de caisse en aluminium brossé coure sous la carrosserie et fait le lien entre l’avant et l’arrière, les vitres n’ont plus de déflecteurs et les roues reçoivent de magnifiques enjoliveurs à sept prises d’air. Le blason Cadillac entouré de sa couronne de lauriers trône au milieu du capot ainsi que sur les montants de custode, l’inscription ‘ELDORADO’ en lettres capitales est discrètement placée derrière le passage de roue avant. Elle reçoit la base technique de sa sœur aînée Oldsmobile Toronado introduite en 1966, avec la traction avant, les suspensions avant par barres de torsion et bras triangulés, et les freins à disque. La suspension arrière est confiée à des ressorts semi-elliptiques et quatre amortisseurs : deux horizontaux et deux verticaux. La voiture dispose d’un correcteur d’assiette. Bien que plus courte et plus basse que les autres Cadillac, l’Eldorado peut accueillir six passagers, l’habitacle n’étant plus traversé par un tunnel de transmission. Malgré son prix de 6 277 $, la Cadillac Fleetwood Eldorado est un véritable succès commercial ; la production atteint 17 930 exemplaires.

L’Eldorado reçoit des retouches limitées pour 1968. Les plus visibles sont les clignotants sur les bords d’attaque des ailes avant, le capot allongé à l’arrière pour recouvrir les essuie-glaces et les petits feux ronds à l’arrière de l’aile arrière. Les feux arrière sont plus grands Le moteur, retravaillé pour respecter les normes anti-pollution, est réalésé à 7,7 litres et il développe 375 ch. Le tarif passe à 6 605 $, et la production augmente à 24528 exemplaires.

Le style évolue encore légèrement pour 1969, la principale évolution étant que les phares avant ne sont plus rétractables. La calandre est redessinée avec une grille plus fine. Les roues reçoivent de nouveaux enjoliveurs, plus simples. A l’intérieur, la loi américaine impose l’installation d’appuie-tête sur les sièges avant. La production est transférée de Fleetwood chez Fisher, dans l’usine d’Euclid (Ohio). L’Eldorado coûte maintenant 6 711 $, et sa production baisse légèrement à 23 333 exemplaires.

Pour 1970, la cylindrée du V8 est portée à 8,2 litres (500 c.i.) et la puissance atteint 400 ch, pour un couple de 77 mkg. Il s’agit du plus gros moteur de série jamais fabriqué. Le style évolue peu. La calandre, plus étroite, est clairement séparée des phares avant, et les feux arrière sont affinés. L’antenne radio est désormais intégrée au pare-brise. Affichée à 6 903 $, l’Eldorado est produite à 28 842 exemplaires.

Dernière génération, 1992-2002
Dès le mois d’octobre 1986, Chuck Jordan (vice-président du Design de GM) demande à ses stylistes de retrouver de l’émotion et de la force dans leurs dessins et de les appliquer pour les futures Séville et Eldorado, la seconde étant désormais la version coupé de la première. La charge est confiée à Richard « Dick » Ruzzin, le responsable du studio de style de Cadillac. Il consulte également Pininfarina, qui vient de signer l’Allanté, afin d‘avoir une perspective internationale. L’élaboration d’une nouvelle Eldorado est cependant laborieuse. Après plusieurs propositions, c’est finalement le dessin de la Séville qui apparaît en premier ; il ne reste plus qu’à en dériver celui de l’Eldorado. Au début de décembre 1988, Dick Ruzzin en présente la maquette à John Grettenberger, le directeur général de Cadillac qui la valide.

La nouvelle Eldorado retrouve la dignité et la classe de son prédécesseur de 1979. Bien que conservant un empattement de 2,74 m, elle retrouve une longueur de plus de 200 pouces, avec 5,14 m. La largeur est de 1,90 m et la hauteur de 1,37 m. Cette augmentation de taille lui fait retrouver un capot long et l’inclinaison de la lunette arrière lui donne des réminiscences de l’Eldorado de 1967. Pour sa part, la vitre de custode verticale retrouve sa continuité avec la vitre de portière. L’utilisation du chrome est très limitée ; une fine baguette entoure les vitres latérales et les coques des rétroviseurs sont peintes dans le ton de la carrosserie. Une baguette latérale court tout autour de la voiture ; l’inscription Eldorado en lettres capitales y est gravée au niveau de la portière. Les phares avant débordent largement sur les côtés et les feux arrière verticaux sont placés sur l‘arête de l‘aile arrière. Le blason Cadillac entouré de sa couronne de laurier est placé sur le montant de custode.

Le dessin de l’intérieur de l’habitacle, avec sa planche de bord toute en courbes habillée de Zebrano, est réalisé par John Selznack, sous la direction de Marc Fisher. A l’inverse de la carrosserie, c’est ce dessin qui est repris pour élaborer celui de l’intérieur de la Séville.

L’Eldorado est de nouveau produite dans deux usines ; à Hamtramck et à Lansing (Michigan).

A sa sortie, l’Eldorado est équipée du V8 de 4,9 litres de 200 ch. Mais dès 1993, ce moteur est remplacé par le nouveau V8 NorthStar inauguré sur l’Allanté. Entièrement en aluminium (il pèse 230 kg) ce moteur a une cylindrée de 4,6 litres, mais il dispose de 4 soupapes par cylindre et il est proposé en deux versions : 270 ch en version normale et 295 ch pour la Touring Coupe. Ainsi motorisée, la voiture accélère de 0 à 100 km/h en 7,5 secondes, franchit le kilomètre départ arrêté en 27,9 secondes et atteint 241 km/h en vitesse de pointe. Il est couplé à la transmission automatique Hydramatic 4T80-E qui dispose de plusieurs programmes d’utilisation en fonction du style de conduite adopté par le conducteur. La consommation est annoncée pour 11 litres au cent sur route et 17 litres au cent en ville. En version Touring Coupe, l’Eldorado reçoit une calandre peinte au ton de la carrosserie et le blason Cadillac est placé sur la grille de calandre. Elle est équipée d’une suspension réglable électroniquement, du système anti-patinage « StabiliTrack »et de l’ABS. Pour 1993, l’Eldorado sont équipées de sièges évitant le phénomène de sous-marinage des passagers. La production s’élève à 23 621 exemplaires3.

Pour 1995, l’Eldorado est légèrement restylée : la calandre, les phares, les feux, le bouclier avant et le panneau arrière sont redessinés. La longueur de la voiture diminue ainsi légèrement de 4 cm, à 5,10 m. Les bas de caisse sont désormais peints dans le ton de la carrosserie. L’allumage des feux est automatique à la tombée de la nuit ou 20 secondes après le déclenchement des essuies-glace. La production reste stable, à 23 100 exemplaires. En 1996, la puissance du V8 est en légère hausse à 275 ch et 305 ch. La production baisse de 9% à 21 000 exemplaires4.

Les boucliers avant et arrière sont à nouveau changés pour 1997 et ils adoptent une forme plus enveloppante. Les ventes chutent de 24 %. La production de 1998 est de 15 800 exemplaires5. L’année 1999 connaît une stabilisation des ventes à 15 000 exemplaires6, avant de rechuter pour n’atteindre que 13 000 exemplaires en 20007 puis 10 000 exemplaires en 20018.

Au moment de quitter la GM, en 1991, Chuck Jordan considérait que la vie de l’Eldorado allait devenir de plus en plus difficile en raison du succès grandissant des berlines typées sport9. Les résultats commerciaux lui donnent raison ; la Séville écrase complètement l’Eldorado dont les ventes ne cessent de décliner. En 2000, les dirigeants de la GM annonce que l’année du cinquantenaire de l’Eldorado sera sa dernière année de production.

Une dernière série de 1596 Eldorado est réalisée en trois séries limitées de 532 voitures (le nombre d’exemplaires produits lors de la première année de production de l’Eldorado en 1953) peintes en bleu, en blanc et en rouge (les couleurs initiales de l’Eldorado de 1953) afin de marquer la fin de la lignée. L’échappement de toutes ces voitures est réglé pour imiter celui de leur lointain prédécesseur, et elles reçoivent toutes une plaque sur le tableau de bord qui indique leur rang de production. La dernière Eldorado tombe des chaînes de Lansing le 22 avril 2002. L’usine est reconvertie à la fabrication du Chevrolet SSR. L'année suivante, Cadillac lance son roadster à deux places XLR.

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