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Le code du travail sous pression Jamais il n’a autant été question de réformer le code du travail. Le gouvernement attend pour mercredi 9 septembre la remise du rapport Combrexelle sur le sujet. De leur côté des « think tank » de gauche comme de droite publient en ce moment divers rapports pour encourager une réforme. Selon un dossier de l’Institut Montaigne, « think tank » qualifié de libéral, le modèle français de négociation sociale ne favorise pas une croissance de l’économie riche en emplois... Télécharger l'intégralité du rapport de l'institut Montaigne Marqué par un certain anachronisme du positionnement des acteurs, des règles de fonctionnement ou de la hiérarchisation des priorités, le dialogue social français s’avère peu performant, dominé par un État législateur encore omniprésent. Les impasses actuelles de la négociation interprofessionnelle en témoignent : la modernisation imposée par le haut ne fonctionne pas. Certes, les partenaires sociaux ne cessent de conclure des accords : c’est ainsi qu’en 2014 ont été signés 28 accords nationaux et avenants interprofessionnels - souvent a minima, 951 accords de branche, et plus de 36 500 accords d’entreprise, ce qui montre une vraie dynamique de négociation sur le terrain. Pour autant, dans le contexte de la longue crise débutée en 2008, le taux de chômage se maintient à un niveau durablement élevé, supérieur à 10 % de la population active, et près du quart des jeunes de 15 à 24 ans est en recherche d’emploi. De nouvelles méthodes, ménageant une vraie place à l’accord collectif, en particulier au sein de l’entreprise, sont aujourd’hui à mettre en place pour permettre un dialogue social plus représentatif, plus fort, au service de la compétitivité des entreprises et de l’emploi. Une loi omniprésente qui laisse peu de place aux partenaires sociaux Cette autonomie va souvent de pair avec un taux de syndicalisation élevé. Les transformations du syndicalisme français l’ont conduit en 25 ans d’un taux de syndicalisation d’environ 25 % à moins de 7 % aujourd’hui - moins de 4 % dans le secteur privé -, taux le plus faible des pays de l’OCDE. La négociation interprofessionnelle : un modèle en crise Certes, à la suite de la loi Larcher (2007), plusieurs ANI ont apporté des avancées significatives dans certains domaines (représentativité, rupture conventionnelle, etc.), mais beaucoup semblent peu efficients au regards des grands enjeux du marché du travail, traduisant principalement un consensus a minima entre intérêts catégoriels. Un rôle encore trop subsidiaire de l’entreprise malgré une vraie dynamique de négociation L’accord d’entreprise, soumis à cette hiérarchie des normes ne permettant pas son autonomie, conserve un statut très subsidiaire et encadré. Les possibilités de dérogation qui lui sont ouvertes se sont élargies depuis les lois Auroux (1981) mais restent encore largement inopérantes. C’est pourtant dans l’entreprise que peuvent être trouvés les compromis au service de la compétitivité des entreprises et de l’intérêt des salariés. Des branches professionnelles trop nombreuses et morcelées Les propositions Recentrer la négociation sociale autour de l’entreprise Proposition 1 Reconnaître l’accord collectif comme une norme à part entière dans la Constitution. Proposition 2 Faire de l’accord d’entreprise la norme de droit commun de fixation des règles générales des relations de travail, dans le respect de l’ordre public social absolu. La loi, le décret et l’accord de branches deviendraient supplétifs. Les thèmes où il ne serait pas possible de déroger par accord d’entreprise seraient définis précisément, tout comme ceux relevant de la négociation de branche, que l’on pourrait qualifier « d’ordre public professionnel ». Simplifier et améliorer le dialogue social dans l’entreprise Proposition 3 - permettre une meilleure formation et des déroulés de carrière plus satisfaisants pour les représentants syndicaux et les élus : - abonder de façon obligatoire le compte personnel de formation à l’issue de deux mandats consécutifs ; - pour éviter un syndicalisme d’appareil et permettre aux représentants de garder un pied dans la réalité de l’entreprise : o limiter à deux mandats consécutifs ; o limiter le(s) mandat(s), par exemple à 50 % du temps de travail. Proposition 4 - renforcer la légitimité des représentants du personnel dans l’entreprise : - exiger des délégués syndicaux qu’ils soient élus ; - fusionner les instances de concertation en une seule instance, sans seuils d’effectifs. Une proposition alternative pourrait être de fusionner l’ensemble des instances (concertation et négociation) ; - lors du premier tour des élections professionnelles : soit instaurer un seuil minimal de participation, soit supprimer le monopole syndical de présentation des candidats ; - en cas d’absence de délégués syndicaux, permettre au comité d’entreprise de devenir un organe de négociation sans validation par une commission de branche. Proposition 5 - généraliser progressivement le principe de l’accord d’entreprise majoritaire (conclu par des organisations ayant recueilli 50 % des suffrages). Proposition 6 Formuler un principe général de primauté de l’accord collectif sur le contrat de travail, sauf exception précisément définie par la loi. Si le salarié refusait la modification d’un élément de son contrat par une disposition de l’accord, alors ce refus impliquerait un licenciement pour cause réelle et sérieuse avec des indemnités inférieures aux indemnités classiques. Proposition 7 Etendre les référendums normatifs à tout accord qui serait plus favorable que les règles applicables à défaut d’accord. Ouvrir cette possibilité avec les mêmes restrictions à défaut d’accord avec les organisations syndicales à un texte soumis à l’approbation des élus du personnel. Fixer par la négociation collective un cadre à l’utilisation du référendum consultatif. Proposition 8 Poser le principe de la présomption de conformité de tout accord collectif aux dispositions légales et aux principes généraux qui lui sont applicables. Recentrer et renforcer branches Proposition 9 Subordonner l’extension des accords de branche à une masse critique suffisante ou à une dynamique régulière de négociation. Proposition 10 Poser en principe que les accords de branche ne sont conclus que pour une durée déterminée. Une durée maximale (par exemple cinq ans) pourrait être fixée par décret. Redonner du sens à la négociation interprofessionnelle Proposition 11 Retenir la règle de l’accord majoritaire au niveau des accords nationaux interprofessionnels. Proposition 12 Définir dans les textes des règles procédurales plus précises et de nature à rendre la négociation entre les partenaires sociaux plus loyale. Télécharger l'intégralité du rapport de l'institut Montaigne Pour aider les entreprises à budgéter leurs coûts sociaux, des experts-comptables : 60270 - PATRICK GAUTIER EXPERTISE http://www.expert-comptable-chantilly-60.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |