Le muscadet

Le muscadet est un vin blanc sec d'appellation d'origine contrôlée produit principalement en Loire-Atlantique au sud de Nantes, et débordant partiellement sur le Maine-et-Loire et la Vendée. Ce vin du vignoble de la vallée de la Loire est issu d'un cépage unique, le melon de Bourgogne. Cette appellation est classée AOC depuis 1936 et couvre une superficie d'environ 13 000 hectares vers l'an 2000...

Le vignoble du muscadet comporte plusieurs appellations : le muscadet-sèvre-et-maine, le muscadet-côtes-de-grandlieu, le muscadet-coteaux-de-la-loire et le muscadet sans dénomination particulière. Le muscadet est un vin sec aux arômes floraux et fruités qui peut être élevé sur lie d'où il tirera une légère effervescence dite « perlante ». Ce vin s'accorde particulièrement bien avec les fruits de mer. 

Histoire
La tradition de la viticulture, dans la région nantaise où est produit le muscadet, date d’un décret de l’empereur romain Probus dont les soldats plantèrent les premières vignes sur le territoire .

La viticulture s'y est développée au cours du Moyen Âge sous l’impulsion des moines des abbayes du Pays nantais, dont Saint-Martin-de-Vertou et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. Ces vignes produisaient des vins issus très probablement de gros plant qui ne pouvaient être comparés aux « vins d'amont » venus d'Anjou et de Touraine.

Au XVII  siècle, sous la pression des courtiers hollandais, recherchant des petits vins pour l'alambic, le vignoble va connaître un grand développement : jusqu'à la Révolution française la Bretagne fait partie des « provinces réputées étrangères » (avec la Guyenne, laSaintonge, le Languedoc, la Provence, le Dauphiné, le Lyonnais, la Flandre et l'Artois) ce qui fait que les traites (taxes sur les marchandises) sont levées à ses frontières, notamment à la barrière d'Ingrandes sur la Loire . Ainsi, les vins du pays nantais sont majoritairement convertis en eaux-de-vie, lesquelles sont exportées depuis le port de Nantes, vers les pays de l'Europe du Nord. Jusqu'à la Révolution, le cépage majoritaire du pays nantais est donc le gros plant, cépage bien adapté à cette production . Le cépage muscadet est cependant présent mais il est très minoritaire ; au cours du XVIII  siècle, le volume d'eau-de-vie exportée est, selon les années, 3 à 10 fois supérieur à celui du vin. 

Vinification et élevage
Le cépage utilisé pour produire le Muscadet, le melon de Bourgogne, est relativement neutre. Les techniques de vinification sont devenues complexes chez les producteurs pour s’adapter aux limites organoleptiques de cette variété et lui conférer plus de saveur et de complexité.

Les raisins sont transférés de la remorque dans un pressoir pour le pressurage. Une fois le moût en cuve, le débourbage est pratiqué généralement après un enzymage. Après 12 à 48 heures, le jus clair est soutiré et mis à fermenter . La fermentation alcoolique se déroule avec un suivi tout particulier pour les températures qui doivent rester à peu près stables (18 à 24 degrés) . La chaptalisation est aussi pratiquée pour augmenter le titre alcoométrique volumique si nécessaire. Le degré après enrichissement ne peut dépasser 12 % vol. En revanche, il n'y a pas de limite de degré s'il n'y a pas eu d'ajout de sucre  (on ne peut légiférer pour fixer des limites à la nature). La fermentation malolactique est réalisée en fûts ou en cuves.

La technique la plus connue est celle dite « sur lie » où le vin est en contact avec un dépôt de cellules mortes de levure (la lie) qui s’est formé au fond du tonneau . La découverte de ce procédé fut quasiment accidentelle au début du XX  siècle, car les vignerons du Pays nantais avaient l’habitude de garder la meilleure barrique de la récolte pour fêter les grands événements familiaux. Conservée sans soutirage, cette « barrique de noces » donnait à ce vin un caractère particulier, plus frais en bouche avec un bouquet plus complet. 

La dénomination « sur lie » peut être ajoutée à l'appellation. Dans ce cas, les vins doivent avoir passé un seul hiver en fût ou en cuves et se trouver encore sur leurs lies de fermentation au moment de la mise en bouteille, qui se situe entre le 1  mars et le 30 juin ou entre le 15 octobre et le 30 novembre.

La fin du XX  siècle voit arriver une vague d’innovation et la popularisation de plusieurs techniques de vinification du muscadet. Au cours des années 1980, se développe un usage accru de la barrique de chêne pour la fermentation au détriment des cuves en acier inoxydable. Le procédé de mélange de la lie, dit « bâtonnage », devient aussi répandu .

Gastronomie
Le muscadet se caractérise par sa légère acidité, son côté à la fois minéral mais aussi floral, et surtout par son perlant (légère effervescence qui se ressent sur le bout de la langue) qui en fait un vin très rafraîchissant. 

Le muscadet est généralement reconnu pour particulièrement bien accompagner les fruits de mer . Il est d'ailleurs très connu pour s'accorder avec les huîtres , les poissons en sauce, les sardines, le maquereau au vin blanc, la plupart des fromages (principalement les chèvres de la région de la Loire), mais aussi les charcuteries (en particulier lorsqu'il s'agit de millésimes plus anciens : 2003, 2005 qui furent de très bonnes années). La température de service se situe entre 9 et 11° C. Le Muscadet se déguste généralement dans les trois ans qui suivent la récolte , mais les meilleurs vins des meilleurs millésimes peuvent se conserver plus d'une décennie.

L'identité des vins du vignoble nantais 
L'identité bretonne des vins de Nantes existe à travers un certain nombre de faits actuels et usuels, notamment :

- l'action de la confrérie bachique de l'ordre des chevaliers Bretvins dont l'objet est statutairement de célébrer « les produits nantais et la culture de Haute-Bretagne » (Pays nantais...)  ;

- la référence à la Bretagne sur certaines étiquettes de vins : carte de Bretagne à 5 départements, carte de la province de Bretagne, hermine sur l'étiquette principale, blason nantais herminé en collerette, etc.  ;

- la campagne sur le thème « le muscadet, le plus breton des vins » du Comité Interprofessionnel des Vins de Nantes qui rappelle dans ses plaquettes que le château des ducs de Bretagne se situe à Nantes ;

- l'existence d'un Vin de Pays des Marches de Bretagne, jusqu'à il y a quelques années , s'étendant sur des communes du sud Loire ;

- la référence au carrefour des 3 provinces Poitou, Bretagne et Anjou sur les emballages de certains vins de Clisson.

Mais un contexte institutionnel complexe, où la région culturelle et historique « Bretagne » se voit opposée à des régions administratives différentes non correspondantes et une communication « val de Loire », rend l'appartenance géographique des vins du Pays nantais trouble . Malgré cela, des négociants et une coopérative viticole nantaise ont adhéré à la marque collective « Produit en Bretagne », plusieurs muscadets, gros-plants sont vendus comme des vins bretons, en portant le logo de la marque, et sont valorisés dans les opérations de communication commerciale consacrées aux « produits bretons » des GMS.

En outre, plusieurs groupes professionnels, associatifs, syndicaux viticoles et œnologiques nantais s'évertuent à valoriser l'identité bretonne de leur vins, par attachement culturel, par fidélité à l'identité du terroir et à la gastronomie bretonne, ou/et par intérêt commercial envers le reste de la Bretagne, la diaspora bretonne, les pays celtiques et pour bénéficier de l'image internationalement reconnue de la Bretagne.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Vellasquez.

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