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Ce qui nous lie Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent... Après CASSE-TÊTE CHINOIS, film urbain tourné à New York, qu’est-ce qui vous a donné envie de faire CE QUI NOUS LIE, ce film du terroir ? À la suite de ça, je me suis dit qu’il fallait que j’observe précisément le changement des paysages en liaison avec le passage des saisons. Pendant les six mois qui ont suivi, j’ai fait des allers et retours en Bourgogne, pour trouver un arbre. L’arbre idéal pour pouvoir raconter le passage du temps et le cycle des saisons. J’ai rencontré un photographe qui connaissait bien le vignoble bourguignon, Michel Baudoin. C’est lui qui m’a aidé dans mes recherches. Finalement on s’est mis d’accord sur deux cerisiers : l’un à Meursault et l’autre à Pommard. Après il a fallu trouver le bon cadrage, le bon objectif, la bonne heure pour les photographier. Michel a accepté de se prêter au jeu et pendant un an il a été photographié chaque semaine ces deux arbres (à chaque fois à la même heure)… Chaque fois, il prenait une photo et il enregistrait un film d’une minute. Il a donc fait 52 photos/plans de ces deux arbres au milieu des vignes. Sans savoir exactement quoi, je sentais en regardant ces photos, qu’il y avait une matière à faire un film. En 2011, je suis retourné voir les vendanges mais contrairement à l’année précédente, il faisait gris, il avait beaucoup plu et les raisins étaient beaucoup moins beaux. J’ai pu juger directement à quel point ce monde viticole était lié aux aléas de la météo. Finalement, cette année-là, en 2011, j’ai décidé de mettre en production CASSE-TÊTE CHINOIS parce qu’on a jugé avec Bruno Levy [producteur], que c’était le bon moment par rapport aux acteurs, presque 10 ans après LES POUPÉES RUSSES… Trois ans plus tard, quand j’ai eu fini CASSE-TÊTE CHINOIS, je me suis demandé si je devais reprendre ce film sur le vin. Ce qui est dingue, c’est que durant les trois années consacrées à CASSE-TÊTE CHINOIS, il y a eu chaque année des épisodes de grêle en Bourgogne et les récoltes ont été particulièrement pourries ! En fait le film n’aurait pratiquement pas été faisable durant cette période. Que représente le vin pour vous ? C’était une sorte de rituel, une fois tous les deux ans à peu près… Quand j’avais 23 ans et que je faisais mes études à New York, j’ai été serveur dans un restaurant français. On devait être une quinzaine de serveurs et je me suis rendu compte que j’étais le seul qui savait conseiller un vin. Les serveurs américains me demandaient «mais comment tu arrives à faire la différence entre un Côte-du-Rhône et un Bordeaux ?». Je me suis rendu compte à ce moment-là que le vin était une culture… Pour la littérature, on le sait, il faut lire pour connaître et différencier des pensées et des auteurs. Dans le vin, il faut boire pour identifier des terroirs et distinguer des saveurs… J’étais conscient que c’était mon père qui m’avait transmis cette culture du vin et cet intérêt pour la Bourgogne. Donc le vin pour moi a été assez vite associé à l’idée de la transmission. Je sentais intuitivement que si je voulais faire un film sur le vin c’était parce que j’avais envie de parler de la famille. Ce que l’on hérite de ses parents, ce que l’on transmet à ses enfants. Le choix de la Bourgogne me paraissait évident, même si j’avais entretemps «découvert» d’autres terroirs, notamment le Bordeaux. En Bourgogne, les exploitations sont en général, plus familiales. Dans le Bordelais, les surfaces sont beaucoup plus grandes et la plupart du temps les domaines se sont industrialisés au point d’être gérés parfois par de grand groupes financiers. La problématique du film aurait été complètement différente. D’une certaine façon, le choix d’une autre région viticole française (Alsace, Languedoc, Côtes-duRhône, Beaujolais etc…) aurait développé des thématiques bien différentes… CE QUI NOUS LIE, rassemble beaucoup de sujets différents… Il y a également des éléments liés à l’intervention humaine, le choix du type de viticulture, les méthodes de vinification. C’est fascinant de voir qu’à Meursault il y a une centaine de propriétaires différents et il y a vraiment une centaine de façons «d’interpréter» ce terroir. Quand un vigneron signe une bouteille, c’est comme quand un réalisateur signe un film. Il y a une notion d’auteur. C’est tout ça qu’on retrouve dans un verre de vin… Cette complexité- là. Il y a du temps et de l’espace, de l’histoire et de la géographie. Le mariage de l’homme et de la nature. Il fallait absolument que le film raconte tout ça… C’est un monde très sophistiqué. C’est pour cette raison que j’avais envie de parler du vin. Dans le film on suit la fabrication du vin pendant un an. En parallèle, on suit pendant plus de 10 ans la vie d’une famille de vignerons. J’essaie de mettre les deux en relation. Suivre les cycles de la nature et les étapes de l’évolution de trois individus. On est enfant, puis adulte, puis parent… Drame français de Cédric Klapisch. 4 étoiles AlloCiné. Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |