Le morgon est un vin rouge français d'appellation d'origine contrôlée produit dans le département du Rhône.
L'appellation couvre la commune de Villié-Morgon, dans le vignoble du Beaujolais. Elle est l'un des dix crus de ce vignoble, qui sont du nord au sud : le saint-amour, le juliénas, le chénas, le moulin-à-vent, le fleurie, le chiroubles, le morgon, le régnié, le brouilly et le côte-de-brouilly.
Le morgon est reconnue par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) comme appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis le décret du 11 septembre 1936.
Bien que la commune de Villié-Morgon soit issue de la fusion des deux hameaux de Villié et de Morgon, l'appellation a gardé celui des deux noms qui correspondait aux vins les plus prestigieux.
Le vignoble destiné à la production du morgon est situé en France, dans la région Rhône-Alpes, plus précisément dans le département du Rhône, sur la commune de Villié-Morgon, à 54 kilomètres au nord de la ville de Lyon. L'appellation morgon est la deuxième du Beaujolais la plus étendue en surface après brouilly.
Le vignoble du Beaujolais correspond au versant oriental des monts du Beaujolais, où affleure le granite. À Villié-Morgon il s'agit du « granite de Fleurie » (granite monzonitique à orthose et biotite) qui est de couleur rose, couvert systématiquement d'arènes (appelé localement « roche pourrie »).
Entre le village et le hameau de Morgon, au mont du Py, se trouve une particularité locale que les géologues qualifient de dépôt volcano-sédimentaire à prédominance basique (et non acide comme plus au nord), formé de fragments épars d'origine basaltique, de couleur vert sombre (« cortège de pierres bleues » : diorite).
Enfin à l'est d'une ligne formée par le village, la côte du Py et le hameau de Morgon se trouve un double cône de déjection, correspondant à un large épandage de cailloux (granite et silex), de sables et d'argile, qui descend jusqu'au contact avec les alluvions de la plaine de Saône.
Le climat est sensiblement le même que dans tout le reste du Beaujolais : il est tempéré océanique, à tendance continentale avec des influences méditerranéennes.
En 2008, l'AOC couvrait 1 090 hectares et a produit 46 400 hectolitres.
La commune adossée aux monts du Beaujolais est exposée au sud-est, même si le micro-relief permet toutes les expositions ; l'ensoleillement y est donc optimal. À une dizaine de kilomètres de la Saône, il bénéficie du rôle modérateur de la rivière tout en étant éloigné de ses effets pervers : brouillards hivernaux et gelées tardives au printemps. L'altitude de la commune varie entre 212 et 689 mètres. Le vignoble est implanté entre 250 et 500 mètres. En deçà, les bas-fonds sont dévolus à l'élevage et les vignes les plus hautes ne peuvent prétendre à être en morgon. Les mieux exposées bénéficient cependant de l'AOC beaujolais.
Parmi les différents terroirs de l'aire d'appellation, deux sont particulièrement réputés pour la qualité de leurs vins :
- « Les Charmes » à l'Ouest de Villié-Morgon en direction de Régnié-Durette, sur un axe rejoignant le hameau de Morgon à celui de Saint-Joseph, de part et d'autre de la voie romaine qui reliait Lyon à Autun. C'est un coteau orienté sud-sud-est sur des sols granitique, filtrants et pauvres, avec des veines de schistes à manganèse. Les Morgon produits sur ce terroir sont tout en finesse, aux fruits rouges et noirs mêlés. Ils sont de très bonne garde dans les domaines situés à mi-coteau où les vignerons vinifient de manière traditionnelle (pas de thermovinification).
- La « côte du Py », au sud de Villié-Morgon, juste au-dessus du hameau de Haut Morgon, est une colline culminant à 358 mètres et dont le sol est composé de « roches pourries ».
Les vins produits sur cette croupe sont riches et puissants.
Autour de ces climats réputés, quatre autres climats (les Micouds, les Grands Cras, Corcelette et Douby) sont sur des terroirs différents d'argile et de sables issus de la décomposition du granite. Ce sable est localement appelé « terre pourrie ».
La conduite ancienne traditionnelle était en gobelet à densité élevée. La densité minimale est de 6 000 pieds par hectare. Toutefois, à titre transitoire jusqu’en 2034, les vignes plantées avant 2004 peuvent présenter, après arrachage partiel, une densité minimale de 5 000 pieds. La densité est sur les meilleurs climats entre 9 000 et 11 000 pieds par hectare. Aujourd'hui, le besoin de mécaniser le vignoble conduit les viticulteurs à planter à densité plus faible, mais supérieure à 6 000 pieds par hectare. L'écartement entre rangs ne peut excéder 2,3 mètres et entre ceps sur le rang, il doit être au minimum de 0,80 mètres. Pour les vignes non palissées en gobelet, l'écartement maximum entre rangs ne doit pas excéder 1,5 mètre. Des allées peuvent être aménagée en arrachant un rang de vigne. L'allée ne doit pas excéder 3 mètres et doit bénéficier d'un couvert végétal spontané ou semé. Les tournières doivent bénéficier d'un couvert végétal permanent.
La hauteur de feuillage entre la limite inférieure du feuillage et la hauteur de rognage doit dépasser 0,6 fois l'écartement entre rangs et un palissage est obligatoire si l'écartement entre rangs dépasse 1,5 mètre.
La taille courte est obligatoire. Traditionnellement en gobelet, la taille en cordon ou la taille charmet (taille inventée par M. Charmet en sud-Beaujolais, intermédiaire entre la taille en cordon et celle en éventail) sont aujourd'hui pratiquées. La taille est limitée à 8 yeux porteurs de grappe après épamprage et un bras à deux yeux peut être ajouté en vue de rajeunir la souche.
La récolte manuelle est obligatoire et le transport de la vendange doit se faire dans des remorques basses afin de préserver l'intégrité des grains de raisin. Une parcelle qui n'est pas vendangée en totalité ne peut pas être revendiquée en AOC morgon. La charge maximale à la parcelle est de 10 000 kilogrammes par hectare. La richesse naturelle en sucre du raisin doit être au moins de 180 grammes par litre de moût.
Le rendement est limité à un maximum de 58 hectolitres par hectare ; le rendement butoir est de 63 hectolitres par hectare. Le rendement réel est très en dessous du maximum autorisé par le cahier des charges, par exemple le rendement moyen pour l'ensemble de l'appellation lors des vendanges 2010 est de 48,8 hectolitres par hectare.
Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges ») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu : les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.
Le morgon jeune a une robe pourpre profond à reflets rubis. En vieillissant, la teinte s'éclaircit un peu et prend des notes rouge sombre dont les reflets évoluent progressivement vers l'acajou.
Les arômes sont à rechercher du côté des fruits à noyau (abricot, pêche, cerise, prune). Les cuvées bien structurées développeront avec le temps des senteurs de fruits mûrs, de noyaux et de kirsch, parfois même en année chaude de fruits cuits. De bonne garde, certains évoluent vers des notes sauvages de sous-bois.
Le morgon est charpenté, puissant, riche, charnu et rappelle parfois les vins de Bourgogne. D'ailleurs le slogan de l'appellation est : « Morgon : le fruit d'un beaujolais, le charme d'un bourgogne ».
Il exprime si bien son terroir, et la complexité de ses constituants, que l'on utilise parfois, pour le décrire, un terme qui lui est propre : on dit de lui qu'il « morgonne [archive] ». Ainsi, on insiste sur le lien étroit qui le rattache à ses sols la fameuse roche pourrie, sa localisation et l'exposition des différentes zones du cru.
Texte et photo sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici.
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