Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation : vérités cachées, rancunes inavouées, amours impossibles se révèlent sous le regard médusé des hommes. Fabienne est en plein tournage d’un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Réalité et fiction se confondent obligeant mère et fille à se retrouver...
Si j’ai osé relever le défi ambitieux qu’est le tournage d’un premier film à l’étranger, dans une langue qui n’est pas la mienne et entouré d’une équipe totalement française, c’est parce que j’ai eu la chance de rencontrer des acteurs et des collaborateurs qui ont exprimé le désir de faire un film avec moi.
C’est Juliette Binoche qui a provoqué la première étincelle. Nous nous connaissions déjà depuis un moment lorsqu’elle est venue au Japon en 2011 et qu’elle a émis l’idée qu’on fasse un jour quelque chose ensemble. C’est sa proposition qui a constitué le point de départ de ce projet. J’aimerais donc commencer par témoigner mon respect et ma gratitude envers son audace.
À l’origine du scénario, il y a une pièce que j’avais commencé à écrire en 2003 et qui racontait une nuit dans la loge d’une comédienne de théâtre en fin de carrière. J’ai finalement transformé cette pièce en scénario de film pour raconter l’histoire d’une actrice de cinéma et de sa fille qui a renoncé à devenir actrice.
Au cours de ce travail de réécriture, j’ai interrogé Catherine Deneuve et Juliette Binoche à plusieurs reprises sur ce qu’est le jeu d’acteur et ce sont leurs mots qui ont nourri le scénario et l’ont rendu vivant.
J’ai voulu que l’histoire se déroule à l’automne ; j’avais envie de superposer ce que traverse l’héroïne au crépuscule de sa vie avec les paysages de Paris à l’arrière-saison. J’espère que l’on percevra la façon dont le vert du jardin, dont les nuances changent à l’approche de l’hiver, accompagne les relations entre la mère et la fille et donne de la couleur à ce moment de leurs vies.
Pendant le tournage, Ethan Hawke m’a dit : « L’important quand on fait un film, ce n’est pas de parler la même langue mais de partager la même vision du film. » Ces mots m’ont été d’un immense soutien et m’ont permis de garder le cap sans perdre confiance en moi.
Grâce à Ethan, la jeune Clémentine Grenier qui n’avait jamais mis les pieds sur un plateau de cinéma a naturellement trouvé sa place, laissant apparaître une personnalité et une présence débordantes de vie. C’est ensemble que nous avons dirigé Clémentine, Ethan devant la caméra et moi derrière. Comme le font souvent les enfants dans mes films, la petite fille observe avec philosophie la confrontation entre ces hommes un peu dépassés et ces femmes prisonnières de leur passé.
Je voulais un film qui ne soit pas seulement grave mais aussi empreint d’une certaine légèreté, où drame et comédie cohabitent comme c’est le cas dans la vie. J’espère que l’alchimie entre les acteurs et le regard amusé de l’enfant réussissent à donner le ton juste.
Je ne peux conclure ces quelques mots sans avoir parlé de Catherine Deneuve qui, sans jamais se plaindre des changements incessants de textes, a su garder intact le plaisir de jouer. Voir mon film s’ajouter à sa filmographie - aussi prestigieuse que l’histoire du cinéma français - est à la fois une source de fierté et d’appréhension. Sur le plateau, Catherine était joyeuse, adorable, délicieusement facétieuse, à tel point que toute l’équipe est littéralement tombée sous son charme.
Si un vent de fraîcheur, de gaité et de liberté souffle sur le film alors même qu’il se déroule en grande partie en intérieur dans une maison de famille, c’est incontestablement parce que le charme et la bienveillance de Catherine et Juliette l’irradient de bout en bout.
LA VÉRITÉ n’est autre que le fruit de tous les efforts et de la confiance que m’ont accordée mes acteurs et mon équipe, constituée des meilleurs de la profession, à commencer par mon chef opérateur Éric Gautier.
Qu’est-ce qui fait qu’une famille est une famille ? Est-ce la vérité ou le mensonge ? Et vous, que choisiriez-vous entre une vérité cruelle et un doux mensonge ? Telles sont les questions que je n’ai eues de cesse de me poser en faisant ce film, et j’espère qu’il sera l’occasion pour ceux qui le verront de chercher à leur tour leurs propres réponses.
Drame français, japonais de Kore-Eda Hirokazu. Une nomination au Mostra de Venise 2019 (Edition 76). 3,7 étoiles sur AlloCiné.