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Judy


Hiver 1968. La légendaire Judy Garland débarque à Londres pour se produire à guichets fermés au Talk of the Town. Cela fait trente ans déjà qu’elle est devenue une star planétaire grâce au MAGICIEN D’OZ. Judy a débuté sa carrière d’artiste à l’âge de deux ans et chante pour gagner sa vie depuis plus de quarante ans. Elle est épuisée. Alors qu’elle se prépare pour le spectacle, qu’elle se bat avec son agent, charme les musiciens et évoque ses souvenirs entre amis, sa vivacité et sa générosité séduisent son entourage. Hantée par une enfance sacrifiée pour Hollywood, elle aspire à rentrer chez elle et à consacrer du temps à ses enfants. Aura-t-elle seulement la force d’aller de l’avant ?

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Note de production

En 1969, Judy Garland se produit sur scène et au cinéma depuis plus de quarante ans, séduisant les spectateurs du monde entier grâce à sa vivacité d’esprit, sa générosité et sa voix magnifique.
« Je fais partie des millions de gens qui, au fil des générations, se sont passionnés pour elle », note Renée Zellweger en évoquant le personnage qu’elle incarne dans le film.
« Elle est adorée et sans doute considérée comme la plus grande artiste de tous les temps », ajoute-t-elle.

Pour autant, en 1969, Judy Garland n’a plus rien à voir avec l’enfant star des années 30 et la grande actrice des années 40 et 50. À force de devoir se battre au quotidien, elle est devenue inconstante et, à mesure que les propositions professionnelles se sont faites plus rares, elle s’est endettée et a perdu sa maison.

Afin de pouvoir subvenir aux besoins de ses jeunes enfants, Judy Garland accepte, pour une somme d’argent conséquente, de se produire à Londres pendant cinq semaines au Talk of the Town, cabaret et restaurant très à la mode de Bernard Delfont.
Selon le scénariste Tom Edge, Londres était à bien des égards une dernière chance pour la chanteuse : « Londres était l’un des rares endroits où les gens avaient encore une bonne image de Judy et gardaient d’elle un souvenir assez lumineux », dit-il. « Pour Judy, cette opportunité était une planche de salut et une manière de réduire au silence ses détracteurs et de prouver au monde et à elle-même qu’elle avait encore toutes les qualités pour se produire sur scène ».

Rosalyn Wilder, engagée par le Talk of the Town pour assister Judy Garland pendant son séjour, se souvient des bouleversements qui s’étaient produits à Londres dans les années 50, imposant la capitale britannique comme une ville culturelle majeure. « Jusque-là, les gens avaient très peu de choix à leur disposition en matière alimentaire et vestimentaire, ou encore en matière de spectacles », signale-t-elle. « Et tout à coup, les gens ont eu le choix ! Ils avaient tout à portée de main. Ils avaient de l’argent, ils voulaient s’amuser, ils voulaient sortir, découvrir le monde, et se faire voir ». Peter Quilter a évoqué cette période dans la pièce « End of the Rainbow » : lorsque le producteur David Livingstone l’a découverte, il a eu envie d’en savoir davantage sur cette icône planétaire.

Après avoir acquis les droits de la pièce, Livingstone a confié au scénariste Tom Edge le soin de l’adapter pour le cinéma : « David m’a demandé de voir la pièce car il avait le sentiment qu’il y avait là matière à raconter une formidable histoire sur le passage de Judy Garland à Londres », note-t-il. « Je ne connaissais pas grand-chose sur elle, si ce n’est les clichés habituels. Mais en commençant à visionner ses interviews
télévisées de la fin des années 60, je me suis rendu compte que c’était une femme chaleureuse, drôle, vive et qui se connaissait bien ! Elle était consciente de l’image stéréotypée que les gens avaient d’elle et elle souhaitait jouer avec cette image. C’était un formidable défi d’écrire ce personnage et de tenter de me faire ma propre idée de qui était Judy Garland ».

Edge a donné plus d’ampleur au récit en le ponctuant de flash-backs sur le passé de Judy et en permettant ainsi au spectateur de mieux comprendre la femme qu’ils découvrent à l’écran en 1969. Mais il tenait aussi à ne pas faire d’elle une victime de son passé : c’était une battante qui n’a jamais baissé les bras. C’est cette qualité qui a tant inspiré ses millions de fans et à laquelle le scénariste voulait rendre hommage vers la fin du script.
« David m’avait parlé de ce projet depuis quelques années », souligne Cameron McCracken, producteur exécutif de JUDY et directeur général de Pathé UK, financeur et distributeur du film. « Mais j’hésitais en raison du fait que Judy était perçue comme une figure tragique. Et ce qui m’a fait changer d’avis, c’est le scénario que David a développé avec Tom. Le script n’évitait pas d’aborder la dimension tragique de la vie du personnage, mais réussissait à mettre en valeur son génie et son côté indomptable : elle était davantage montrée comme une source d’inspiration que comme une figure de tragédie. Quant à la fin du film, elle était particulièrement exaltante ! » Le scénario a suscité le même enthousiasme de BBC Films et d’Ingenious Media qui se sont engagés très en amont dans l’aventure.

Pour Rupert Goold, « ce qui m’a vraiment séduit dans le scénario, c’est qu’il abordait deux périodes précises dans la trajectoire de Judy : ses débuts et sa fin, et j’ai eu le sentiment qu’on pouvait ainsi éviter les écueils du traditionnel biopic chronologique. Ce film m’a fait penser à une sorte de parcours christique aboutissant à une fin tragique doublée d’une sublime apothéose d’une forme de sainte laïque ! C’est à la fois l’histoire des débuts du personnage, mais aussi celle de sa rédemption finale ». Goold a été fasciné par la manière dont, dans le scénario, le passé éclaire le présent et le spectacle camoufle la réalité : « Judy Garland est une star de la grande époque hollywoodienne », dit-il. « Elle est distante, comme toutes les stars de l’âge d’or, mais ce qui m’intéressait, c’était de montrer comment on peut trouver un équilibre entre la légende et la part d’humanité et de réalité – entre la mère et le mythe. Ce qui m’a semblé profondément humain, c’est la manière dont le scénario explore le besoin de Judy de trouver l’amour et un foyer – après tout, comme le dit l’adage, ‘on n’est vraiment bien que chez soi’ – et de trouver une vie normale ».

Renée Zellweger a été séduite par le fait que l’intrigue se démarque de la structure traditionnelle du biopic – une succession chronologique des temps forts de la vie d’un personnage – pour s’attacher à un moment particulier de son parcours. « Je me suis dit que c’était l’occasion d’explorer une dimension qu’on n’envisage pas souvent quand on pense à cette personnalité hors du commun », signale-t-elle. « Il s’agissait de ce qu’elle dégageait quand elle était sur scène et de ce que ça lui coûtait. C’était une période de sa vie où elle travaillait parce qu’elle en avait besoin, mais physiquement elle avait besoin de repos. Sa voix – instrument grâce auquel elle peut se regarder dans le miroir et avoir une certaine estime d’elle-même – est aussi ce qu’elle détruit pour pouvoir s’occuper de ses enfants ».
Le film s’attache à comprendre pourquoi les concerts ébranlaient Judy Garland à ce point. « La plupart des gens jouent un rôle quand ils sont devant la caméra ou un public », note Renée Zellweger. « À mon avis, Judy, elle, se dévoilait telle qu’elle était ».

« Je crois qu’elle se mettait totalement à nu et qu’elle exprimait ses sentiments, son vécu, son point de vue sur les autres et ses rêves », ajoute Jessie Buckley qui campe Rosalyn Wilder.
Rufus Sewell, qui incarne Sid Luft, acquiesce : « Elle peut s’attaquer à n’importe quelle chanson et y projeter sa propre expérience, son propre rapport au monde, si bien qu’elle nous offre un aperçu d’une expérience extraordinaire et qu’on a le sentiment que la chanson n’est que le sommet de l’iceberg ».


Edge souhaitait également évoquer la capacité de l’artiste à surmonter cette période de concerts qui l’épuisaient : « J’ai pris conscience que la Judy Garland que je me représentais était totalement univoque et qu’en réalité c’était une femme d’une grande complexité ».
Pour Rupert Goold, il était tout aussi essentiel de restituer toute la richesse de la personnalité de Judy et la fantaisie qu’elle n’a jamais perdue : « J’avais envie de retrouver son côté sexy et femme fatale, sa vivacité d’esprit, et sa proximité avec les gens », dit-il.

Biopic, drame britanique de Rupert Goold. 3 prix et 5 nominations. 3,4 étoiles sur AlloCiné.

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