Haoui.com

L’économie de la fonctionnalité


L’économie de fonctionnalité est l'offre ou la vente (à des entreprises, individus ou territoires), de l'usage d'un bien ou d'un service… et non du bien lui-même. Le fabricant a donc tout intérêt à faire durer le produit, ce qui devrait favoriser un moindre gaspillage des ressources naturelles, dans une perspective d'économie circulaire ainsi qu'« un accroissement du bien-être des personnes et un développement économique ». C'est une innovation stratégique de rupture, qui vise à substituer à la vente d’un bien, d’un service ou d’une solution associée « biens + services », la mise à disposition de solutions intégrées. 

Ces solutions cherchent à réduire des externalités négatives environnementales et sociales et/ou à conforter des externalités positives. Elles visent par ailleurs à engager une décroissance des facteurs matériels engagés dans la production et la consommation de la solution, tout en compensant cette baisse par une croissance des facteurs immatériels, aussi bien en matière de valeur d'usage que de valorisation financière de l'offre.

Les trajectoires d'évolution vers l'économie de la fonctionnalité

Dans sa vision classique, limitative, l'économie de la fonctionnalité est souvent associée à un modèle fondé sur le fait de ne plus vendre un bien, mais de le mettre à disposition de ses clients cibles moyennant facturation à l’usage. Ce passage au modèle de service permet d’envisager d’une nouvelle manière le cycle de vie de l’équipement, ainsi que les conditions d’accessibilité à son usage.

- Exemple 1 : la société Xerox a décidé depuis de nombreuses années déjà de ne plus vendre de photocopieurs mais de les mettre à disposition de leurs clients moyennant une facturation à l’usage. Restant propriétaire des appareils, ces derniers ont été reconçus sur le principe de la « démontabilité - réparabilité - récupérabilité » de telle sorte que les nouvelles générations de machines sont aujourd’hui composées de 70 à 90 % des composants des anciennes machines. Cela génère d’importants gains environnementaux traduits par d’importants gains financiers (un gain net de plus de 250 millions de dollars annuellement).

- Exemple 2 : en passant d’un modèle de vente de pneumatiques aux transporteurs routiers professionnels, à un modèle de mise à disposition de pneumatiques facturés aux kilomètres parcourus par les camions, Michelin a multiplié par 2,5 la durée de vie des pneus tout en augmentant son chiffre d’affaires et ses bénéfices.

Si cette approche est incontestablement vertueuse, elle présente néanmoins quelques limites :

- elle se focalise essentiellement sur les enjeux environnementaux sans intégrer de manière claire les enjeux sociaux ;

- la décroissance des facteurs matériels - éminemment souhaitable - n'est pas compensée par une reconsidération du contenu de la croissance.

De ce fait, un modèle plus ambitieux, qualifié d'économie de la fonctionnalité et de la coopération, émerge. Il peut relever de l'un des deux stades suivants.

Stade 1 : la solution intégrée centrée sur une performance d'usage

Le modèle de la solution intégrée fondé sur une performance d’usage désigne l’offre de solutions qui intègrent des produits et des services de telle manière que c’est désormais le résultat de l’usage classique du bien ou du service initialement vendu qui est désormais apporté en direct au système clients (solution de confort lumineux versus vente d’ampoule, vente d’une solution de protection intégrée des cultures versus la vente de pesticides, etc.).

Exemple : pesticides versus protection intégrée des cultures[modifier | modifier le code]

Imaginons un instant concevoir, fabriquer et vendre des produits phytosanitaires à destination des agriculteurs. Herbicides, fongicides, défoliants, insecticides, etc. font partie de la gamme mise en marché. En facturant les produits à la quantité vendue, difficile — pour ne pas dire impossible — de concilier une réussite économique avec une amélioration environnementale et sociale/sanitaire notable.

Une autre voie est pourtant possible. En interrogeant la fonction du produit et le besoin de l’agriculteur, il est question de protéger les cultures des nuisibles et des maladies. Ne serait-il dès lors pas envisageable de vendre à l’agriculteur, en lieu et place des bidons de produits chimiques, un service intégré de protection de ses cultures facturé à l’hectare ? Ce faisant, la quantité de pesticides introduite dans les champs n’est plus le moteur du revenu, mais un coût qu’il est désormais avantageux de réduire. La recherche et développement va donc désormais s’évertuer à trouver des solutions moins gourmandes en produits, voire des solutions de substitution moins coûteuses à mettre en œuvre.

Ainsi, le piégeage sexuel des parasites ou l’introduction d’insectes prédateurs des nuisibles deviennent des solutions avantageuses à déployer, tout en pouvant désormais monétiser ces services écologiques rendus. Ce faisant, le bilan environnemental et social de l’entreprise peut s’améliorer en même temps que la réussite économique et financière. En passant d’une logique volumique à une logique centrée sur la valeur « servicielle » des produits initialement vendus, la dynamique de création, de production et de capture de la valeur devient radicalement différente.

Stade 2 : la solution intégrée centrée sur une performance territoriale

La solution intégrée centrée sur la dynamique territoriale désigne la mise en œuvre d’une solution intégrée où la dynamique entrepreneuriale portée par une ou plusieurs entreprises est étroitement couplée à une logique de développement territorial.

Beaucoup d’enjeux ne peuvent en effet pas trouver de réponses pertinentes en dehors d’une logique territoriale affirmée. Les questions de mobilité, de santé, d’éducation, d’aménagement du territoire…sont intimement liées au contexte d’un territoire donné, aux ressources et contraintes propres, aux forces mobilisables localement… La solution intégrée vise donc ici à apporter un résultat contribuant directement à la mise en place d’une dynamique territoriale nouvelle, source de qualité accrue pour les parties prenantes visées du territoire.

Une réponse aux enjeux du développement durable

L'économie de la fonctionnalité est un des moyens de réconcilier l'économie et le développement durable, car :

- Elle a un bénéfice environnemental, social et économique : moindre pollution et moindre consommation de ressources naturelles à service égal ou amélioré, prise en charge d'externalités environnementales ou sociales négatives, création d'externalités environnementales ou sociales positives, gains économiques, impact positif sur la relocalisation de l'emploi.

- Elle découple - normativement - la génération de revenu de la consommation de ressources et d'énergie. Toutefois, si les possibilités de découplage sont réelles, il s'agit ici d'un découplage relatif et non absolu.

- Elle met à mal le principe d'obsolescence programmée. Une économie et des modèles d'entreprise fondés sur un volume de produits à vendre, à fortiori dans des économies saturées tirées par les marchés de remplacement, ne valorisent pas les produits qui durent longtemps. Dans un tel contexte, un produit doit durer suffisamment longtemps pour être compétitif face à ses concurrents, mais pas trop car il retarde le rachat de remplacement. Aucun incitant donc à faire durer les produits le plus longtemps possibles.

À l'inverse, par opposition aux principes qui prévalent dans un système consumériste, la vente d'un service sans transfert de propriété du bien rend cette fois vertueux la mise à disposition d'un produit durant longtemps. Lorsque Xerox met ses photocopieurs à disposition de ces clients, ils produisent un revenu tant qu'ils sont chez le client. L'intérêt économique vise cette fois à les faire durer le plus longtemps possible

De la même manière, lorsque Safechem vend un service de dégraissage de pièces mécaniques, le solvant utilisé pour ces opérations devient un coût qu'il convient de minimiser. L'intérêt économique vise cette fois à limiter au maximum l'utilisation de cet intrant.

Un business model innovant

Au sein de l'entreprise, le passage à l’économie de la fonctionnalité présuppose la mise en place d’un nouveau modèle d'entreprise, c’est-à-dire d’une nouvelle architecture de capture, création et de distribution de valeur. Cette innovation est donc stratégiquement importante et nécessite la pleine adhésion de la direction générale de l’entreprise.

Le modèle « économie de fonctionnalité » est maintenant suffisamment conceptualisé et expérimenté pour que les entreprises en deviennent des acteurs ; elles peuvent désormais concilier responsabilité écologique et rentabilité économique.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Ademe.

Pour aider les entreprises à mettre en place un modèle économique de fonctionnalité, des experts-comptables :

75001 - CABINET FRANCOIS BRUNET https://www.expert-comptable-paris-01.com
75009 - BPERC https://www.expert-comptable-cinema-paris.com
75009 - SFC SOCIETE FRANCILIENNE DE CONSEIL https://www.expert-comptable-paris-11.com
77000 - EXPERTISE GESTION CONSEIL AUDIT (E.G.C.A.) http://www.expert-comptable-melun.com
78000 - QUALIANS https://www.expert-comptable-versailles.com
91000 - CABINET GERMAIN ALTER AUDIT EXPERT COMPTABLE https://www.expert-comptable-evry.com
91042 - GROUPE ACE CONSEILS https://www.expert-comptable-evry-corbeil.com
91140 - FIDELIIS http://www.expert-comptable-courtaboeuf-les-ulis.com
91160 - AGEXCO AUDIT EXPERT COMPTABLE https://www.expert-comptable-longjumeau-champlan.com
91300 - AUFIGES https://www.expert-comptable-massy.net
92140 - SHAPEX https://www.expert-comptable-specialiste-retraite-92.com
94300 - GROUPE ALESCO ALESCO.SOFICOGEST.KBX AUDIT https://www.expert-comptable-vincennes-94.com
94440 - SUD EXPERTISE & AUDIT https://www.expert-comptable-villecresnes-94.com