François Vérove, dit le « tueur au visage grêlé » ou plus simplement « le Grêlé », né le 22 janvier 1962 à Gravelines et mort le 29 septembre 2021 au Grau-du-Roi, est un violeur et tueur en série français.
Actif durant les années 1980 et les années 1990 en région parisienne, il intègre de 1983 à 1988 la Gendarmerie Nationale comme cavalier au sein de la Garde Républicaine. Il poursuit ensuite sa carrière comme policier au sein de la Police nationale, notamment à la préfecture de police de Paris. Membre actif du syndicat Alliance Police Nationale, il est muté au début des années 2000 à Port-Saint-Louis-du-Rhône dans les Bouches du Rhône puis à Montpellier dans l'Hérault. Victime en 2011 d'un grave accident de moto dont il garde des séquelles, il ne réintégrera jamais la Police Nationale. Il devient alors élu local à Prades-le-Lez où il vit avec sa famille. Officiellement retraité en 2019, il s'installe à La Grande Motte.
François Vérove échappe aux autorités pendant près de 35 ans, bien que les enquêteurs disposent rapidement dès la fin des années 80 de son groupe sanguin, de plusieurs portraits-robots et de description précises de sa physionomie. À partir de 1996, est déterminé son profil génétique. Le tueur est surnommé le « Grêlé » par la police et les médias en raison d'une peau marquée par des cicatrices de boutons selon des témoins, stigmates qui s'atténuent au fil des années.
Le « Grêlé » possède un profil criminel atypique qui intrigue longtemps la police judiciaire. D'abord tueur et violeur d'enfants avec le meurtre de Cécile Bloch en 1986, il tue ensuite deux adultes dans le 4 arrondissement de Paris en 1987 (Affaire Politi-Müller) puis disparaît pendant plusieurs années. La police établit plus tard son implication dans un enlèvement et viol d'enfant initié en 1994 à Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, avant de perdre définitivement sa trace. À plusieurs reprises au cours de son parcours criminel, il présente une carte de police à ses victimes afin de tromper leur vigilance.
Ce n'est qu'en 2021 que la police judiciaire remonte finalement à lui en décidant d'interroger près de 750 gendarmes ayant opéré en région parisienne au moment des faits, dont François Vérove. Comprenant qu'il est sur le point d'être démasqué, celui-ci disparaît et se suicide le 27 septembre 2021 au Grau-du-Roi dans le Gard, après avoir confessé ses crimes dans une lettre. Son corps est retrouvé deux jours plus tard, le 29 septembre 2021.
François Vérove naît le 22 janvier 1962 à Gravelines dans le Nord. Enfant unique, il perd sa mère à l'âge de dix ans. Il déménage alors à Marcq-en-Barœul, une commune chic de l'agglomération lilloise, et cohabite avec la nouvelle épouse de son père ainsi que ses deux filles nées d'une précédente union. François Vérove subit une éducation stricte imposée par son père. Il développe à l'adolescence une passion pour la moto qui le pousse plus tard à rejoindre la gendarmerie.
Dès cet âge-là, Vérove est décrit par certains témoins comme un adolescent mélancolique qui évoque même des pensées suicidaires. Plus tard, pour les quinze ans de l'une de ses demi-sœurs, il les emmène dans un club échangiste.
Dans sa jeunesse, François Vérove se passionne pour les films d'horreur notamment Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato et écoute Jean-Pax Méfret, chanteur nostalgique de l'Algérie française, notamment son titre Le vieux soldat.
François Vérove se marie en juin 1985 dans le Nord.
En 1983, François Vérove entre dans la gendarmerie et intègre l'escadron motocycliste de la Garde républicaine. Son parcours est chaotique : d'abord apprécié de sa hiérarchie, il enchaîne ensuite les arrêts maladie et se montre de plus en plus incapable de réaliser les tâches qui lui sont confiées. Il quitte la gendarmerie en 1988 pour une raison encore obscure et rejoint, fait rare à l'époque, la Police nationale. Il intègre alors la préfecture de police de Paris. En parallèle il devient père de deux enfants, nés en 1988 et 1991.
De 1994 à 1999, il travaille comme policier motocycliste dans les Hauts-de-Seine où il est délégué syndical, évolue entre Asnières-sur-Seine, Châtenay-Malabry, après une formation décrite par son collègue Franck Jourde, « à la Top Gun ». Parfois surnommé « Fernandel », il loge à cette époque dans la ville de Longperrier (Seine-et-Marne) dans une maison qu'il a fait construire (ceci explique que l'on retrouve sa trace dans le département notamment à Mitry-Mory). Il intègre ensuite la brigade motocycliste urbaine de la police (Formation Motocycliste Urbaine Départementale) dans les Bouches-du-Rhône . François Vérove s'installe dans d'abord à Port-Saint-Louis, puis à Martigues (Bouches-du-Rhône), Prades-le-Lez (Hérault) et enfin réside avec sa famille dans le quartier du Goéland La Grande-Motte (Hérault). Il finit sa carrière comme chef de la brigade des mineurs de Montpellier.
En 2011, il est victime d’un accident de moto qui lui cause des séquelles définitives à la jambe. Il prend finalement une retraite anticipée et devient conseiller municipal de la commune de Prades-le-Lez de 2019 à 2020.
Denis Jacob, fondateur du syndicat Alternative Police et ancien membre du syndicat Alliance Police nationale, responsable du département des Hauts-de-Seine entre 1995 et 1999, a côtoyé pendant quatre ans François Vérove. Celui-ci était en effet délégué pour les motards de la police nationale à la même époque. Il le décrit comme « un monsieur tout le monde », d'une « gentillesse absolue », toujours « prêt à servir » et à se rendre disponible pour leur activité syndicale. Néanmoins, il le dépeint aussi comme un individu capable de « s'énerver facilement ». Dépressif, sous traitement médicamenteux, François Vérove aurait connu à cette époque d'importantes souffrances psychologiques et se serait arrêté de nombreux mois en maladie. Denis Jacob fêtait tous les ans le Nouvel An avec François Vérove au Paradis Latin.
Agression dans le 13 arrondissement et meurtre de Cécile Bloch
Le parcours criminel connu du tueur commence le 7 avril 1986 dans le 13 arrondissement de Paris. Une fillette de huit ans qui se rend à l'école croise sa route dans l'ascenseur de son immeuble. Vérove l'entraîne de force au sous-sol où il la viole, avant de l'étrangler avec une cordelette. Croyant probablement l'avoir tuée, l'agresseur prend la fuite. La victime survit cependant à l'agression et donne l'alerte.
Le prédateur récidive, dans le 19 arrondissement, moins d'un mois plus tard le 5 mai 1986, au 116 rue Petit. Cécile Bloch, onze ans, est agressée dans son ascenseur alors qu'elle se rend au collège. Vérove l'emmène dans un local situé au 3 sous-sol de la résidence et la tue après l'avoir violée. Vers 15 h, Cécile est retrouvée poignardée, étranglée, la colonne vertébrale brisée. Son corps est enroulé dans un morceau de moquette. Il s'agit du premier meurtre officiellement attribué à celui que la presse va surnommer le « tueur au visage grêlé ». Les témoins qui l'avaient croisé dans l'ascenseur le matin du meurtre, dont le demi-frère et les parents de la victime, dressent en effet le portrait d'un jeune homme avec un visage à la peau irrégulière.
Affaire Politi-Müller
Cette affaire, qui débute le 28 avril 1987 dans le quartier du Marais à Paris, constitue un cas à part dans le parcours criminel de François Vérove. Les victimes ne sont plus des enfants mais deux adultes, retrouvés morts dans un appartement de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie dans des conditions particulièrement sordides. Gilles Politi, technicien aérien de trente-huit ans, gît nu dans une position singulière : allongé sur le ventre, il a les jambes et les bras attachés dans le dos. Il a été étranglé selon une technique baptisée le « garrot espagnol », habituellement maîtrisée par les militaires. Irmgard Müller, jeune fille au pair allemande de vingt ans employée par la famille Politi, est accrochée par les bras aux montants d'un lit superposé, ses cordes vocales tranchées à l'arme blanche. Les deux victimes ont subi des brûlures de cigarette.
L'enquête démontre que l'assassin connaissait la jeune allemande, avec qui il avait entretenu une relation. Un nom retrouvé dans le carnet de contacts d'Irmgard Müller, « Élie Lauringe », n'existe en effet pas à l'état civil, ce qui suggère aux enquêteurs qu'il pourrait s'agir d'un pseudonyme utilisé par le tueur. Les témoins relatent par ailleurs que la veille du meurtre, un jeune homme athlétique d'une vingtaine d'années était rentré dans l'appartement de la jeune fille situé rue de Sévigné. Le lendemain matin, juste avant l'heure présumée du crime, le même individu avait été vu négociant à l'interphone avec Irmgard Müller avant de se faire ouvrir à la porte. L'autopsie révèle en outre que dans les heures précédant sa mort, Irmgard Müller avait eu un rapport sexuel consenti avec un homme dont le sperme était resté sur un tampon.
À l'époque, la police judiciaire ne dispose pas des empreintes ADN et ne soupçonne pas que le meurtrier du Marais puisse également être le prédateur recherché pour le meurtre de Cécile Bloch. Ce n'est qu'en 2001, quatorze ans après les faits, qu'une analyse génétique révèle que le sperme retrouvé sur le corps d'Irmgard est celui du « tueur au visage grêlé » recherché depuis 1986. La même empreinte ADN est présente sur les mégots de cigarette retrouvés à proximité des corps, ce qui confirme que François Vérove est bien l'amant d'Irmgard Müller ainsi que l'assassin de la jeune fille au pair et de son employeur.
Agression et viol dans le 14 arrondissement (1987)
Le 27 octobre 1987, la police judiciaire retrouve la trace de François Vérove dans le 14 arrondissement de Paris. Aux alentours de midi, une collégienne de quatorze ans qui rentre chez elle est abordée par un jeune homme se prétendant policier qui l'interpelle sous le prétexte de mener une enquête. Une fois dans son appartement il lui passe les menottes et la viole, mais lui laisse la vie sauve. Il abandonne finalement sa victime après avoir cambriolé l'appartement. À l'époque les enquêteurs soupçonnent déjà le Grêlé d'être l'auteur de cette agression, mais ce n'est qu'en 1996 que sa culpabilité est démontrée par l'ADN.
Il s'agit de la dernière agression connue de François Vérove avant une période de silence de presque sept ans.
Enlèvement et viol d'Ingrid G. initié à Mitry-Mory (1994)
Le 29 juin 1994, l'ex-garde républicain frappe à nouveau à Mitry-Mory en Seine-et-Marne. Une fillette de onze ans se déplaçant à vélo le long de la ligne à grande vitesse est abordée par un homme qui se dit policier et lui ordonne de monter dans sa voiture sous prétexte de l'emmener au commissariat. La victime obtempère et subit alors un enlèvement. Vérove roule pendant plus d'une heure, trajet durant lequel il discute avec la fillette. Parvenu à Saclay, dans l'Essonne, il emmène sa victime dans une ferme abandonnée. Il l'attache et la viole pendant plusieurs heures, avant de s'enfuir sans l'avoir tuée.
Vérove laisse derrière lui des traces ADN qui permettront de relier cette affaire aux autres crimes du tueur à la peau grêlée.
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