Depuis son plus jeune âge, Alex ne rêve que d'une chose: réaliser des films. Mais à Rouen, son quotidien est bien loin du glamour hollywoodien. Surprotégée par sa mère Mathilde, elle espère intégrer une prestigieuse école de cinéma à New York. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu et ses rêves sont brutalement brisés. Refusant d’accepter son sort, Alex décide de partir pour la grosse pomme avec l’aide de son excentrique tante Juliette pour un projet fou: donner son scénario à Julia Roberts. Vite rejointes par Mathilde, cette aventure new-yorkaise va marquer pour les trois femmes le début d’une nouvelle étape de leur vie et les rapprocher plus que jamais.
Mon héroïne, c’est avant tout une histoire de femmes et de transmission à travers le prisme d’une drôle de famille. On fait les présentations ?
Le film raconte l’histoire d’une famille composée d’une grand-mère, Granny, qui est un peu une poupette 2.0 et qui aide sa petite-fille à croire en ses rêves. Il y a Mathilde, la maman, mère divorcée à Rouen, infirmière, qui élève sa fille toute seule. C’est une maman très aimante, « attachiante », car elle est toujours sur son dos. Et en même temps, elle est très proche de sa sœur qui a dix ans de moins, Juliette, le clown de la famille. Juliette est assez décalée, assez marrante mais elle est aussi un peu bloquée dans son boulot. Et ensuite il y a Alex, 20 ans, raide dingue de cinéma qui est en rébellion parce qu’elle est persuadée que sa mère ne veut pas l’aider à croire en ses rêves. Et son rêve fou c’est de faire des films avec Julia Roberts. Mais comme le lui dit sa mère: « A dix ans c’est très mignon, à vingt ans, c’est pathétique. » Alex refuse ça, elle veut changer sa vie et convainc sa tante de partir à New York dans le dos de sa mère. Quand celle-ci s’en rend compte, elle décide de les rejoindre sauf que Mathilde ne parle pas anglais, qu’elle n’est jamais allée à New York et que son seul indice pour retrouver sa fille c’est Julia Roberts. Ce voyage va permettre à ces trois femmes d’affronter leurs non-dits.
Le film s’inspire de votre propre histoire. À 20 ans, vous êtes partie à New York rencontrer Julia Roberts. Comment cela, s'est-il passé exactement ?
Il y a vingt ans, je rêvais de devenir réalisatrice et de faire des films avec Julia Roberts. Mais j’ai grandi à Rouen et dans ma famille, on me disait que le cinéma ce n’était pas pour nous. Et moi, j’ai voulu prouver le contraire. Quand j’étais étudiante en cinéma j’ai fait un court-métrage intitulé calling Julia Roberts qui raconte l’histoire d’une jeune fille qui veut donner son scénario à Julia Roberts et j’ai décidé sur un coup de tête de partir à New York où je savais qu’elle avait une maison de production, pour lui remettre mon court-métrage. C’était comme si j’avais besoin de la validation de Julia Roberts pour me donner le droit d’exercer ce métier et de croire en mes rêves.
Avez-vous su ce que Julia a pensé de votre court métrage ?
Quelques mois après, Théa est venue à Paris, elle m’a dit que Julia avait vu le court-métrage, qu’elle l’avait beaucoup aimé et m’a donné un petit paquet de sa part : les lunettes de soleil de coup de foudre à Notting Hill. Or, la tagline de ce film c’est "Can the most famous star in the world fall for the man in the street ?" J’en ai été heureuse car je me suis dit que Julia avait compris mon film. Ce film parle de la rencontre de deux univers : un libraire et une star américaine. Et moi, j’étais une petite étudiante en cinéma partie voir une énorme star américaine.
Il y a beaucoup de clins d’œil dans le film…
Il y a énormément de références à Julia Roberts, on s’est beaucoup amusé avec les décors, les répliques de ses films, les personnages secondaires. Si on aime les films avec Julia Roberts, on peut retrouver plein de références à ses comédies.
L’axe Rouen-New York est inédit au cinéma. En quoi ces deux villes étaient-elles importantes pour vous ?
Ça toujours été clair que ce serait Rouen et New York. C’est mon premier film, j’ai grandi à Rouen et c’était important de revenir chez moi car le film explore aussi le fait qu'il ne faut pas oublier d'où l'on vient ni ses origines. Et puis, c’est une très belle ville. Il était important d’être au plus près de l’histoire vraie. Quant à New York, j’y suis allée 32 fois dans ma vie. C’est une ville très énergique, elle bouge énormément, et puis elle a changé ma vie, puisque c’est là qu’était la société de production de Julia Roberts. J'y suis allée en juin 2001 pour la première fois.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette expérience newyorkaise ?
Tourner son film dans une ville qui a tant été représentée au cinéma, c’est un bonheur absolu, c’est un décor de fou. Mon premier jour de tournage c’était au NBC Studio qui est au Rockfeller Center. Si je devais garder un moment, ce serait le tournage à Times Square. J’ai eu la chance de pouvoir tourner 8 heures sur ces marches et sur cette place qui est le centre névralgique de New York. J’ai choisi ce lieu pour le moment du film où Alex perd tout et se retrouve dans l’endroit où l’on se sent le plus seul au monde, car c’est le plus peuplé. À la fin de la prise, j’ai applaudi et tout Times Square a applaudi : je m’en souviendrai toute ma vie.
Il y a une chorégraphie qui sert de fil rouge émotionnel au film. Comment est arrivée l’idée de faire danser votre film ?
J’adore les comédies musicales. Je trouve ça très joyeux et dans ma famille, on danse souvent le Madison. Dans le film, le lien qui unit cette famille passe par une chorégraphie. Il se trouve que je connais Chris Marques depuis quelques années et il a un vrai savoir-faire de l’image, de la réalisation, j’ai tout de suite pensé à lui. S’il y en avait un qui pouvait me faire de l’air guitar et me créer une chorégraphie sympa sur mon héroïne, c’était Chris.
Comédie de Noémie Lefort. 3,1 étoiles sur AlloCiné.