La procédure de conciliation est une procédure amiable de prévention des difficultés des entreprises. Elle permet à l'entreprise de poursuivre son activité sans que le chef d'entreprise ne soit dessaisi de ses pouvoirs. Elle a pour objectif d'aboutir à la conclusion d'un accord amiable entre l'entreprise et ses principaux créanciers afin d’éviter les procédures de sauvegarde ou de redressement judiciaire, plus contraignantes pour le dirigeant.
La procédure de conciliation est applicable lorsque toutes les conditions suivantes sont réunies :
- L'entreprise rencontre une difficulté juridique (par exemple, litige entre associés), économique (par exemple, perte d'un marché) ou financière (par exemple, non-paiement d'un client). Cette difficulté peut être existante ou prévisible.
- L'entreprise ne doit pas être en situation de cessation des paiements depuis plus de 45 jours.
Le dirigeant de l'entreprise peut demander l'ouverture d'une procédure de conciliation auprès du Président du Tribunal de commerce (pour les activités commerciales ou artisanales)
Cette demande est accompagnée des documents suivants :
- Numéro unique d'identification de l'entreprise
- État des créances et des dettes, accompagné d'un échéancier et de la liste des principaux créanciers
- État actif et passif des sûretés
- État actif et passif des engagements hors bilan
- Comptes annuels, tableau de financement, situation de l'actif réalisable et disponible, valeurs d'exploitation exclues, passif exigible des 3 derniers exercices, si ces documents ont été établis
- Attestation sur l'honneur certifiant l'absence de procédure de conciliation dans les 3 mois précédant la demande
- Déclaration indiquant, si nécessaire, la prise en charge par un tiers des frais de la procédure.
La requête doit également contenir les éléments suivants :
- Description de la situation économique, financière et sociale de l'entreprise
- Besoins de financement de l'entreprise
- Moyens de faire face aux difficultés de l'entreprise
À noter : en cas de cessation des paiements, l'entrepreneur ou le dirigeant doit en préciser la date dans la requête.
Si le président du tribunal accepte la demande d'ouverture de la procédure de conciliation, il rend une ordonnance. Elle précise les éléments suivants :
- Identité du conciliateur
- Objet de la mission
- Rémunération du conciliateur
- Durée de la conciliation
Le conciliateur est soit proposé par l'entreprise, soit désigné par le président du tribunal.
Le choix du conciliateur est libre sauf en cas d'incompatibilités.
Par exemple, il ne peut pas s'agir d'une personne qui a reçu une rémunération ou un paiement de la part de l'entreprise ou d'un de ses créanciers au cours des 24 derniers mois.
L'entreprise a également la possibilité de refuser le conciliateur désigné. Par exemple, si le conciliateur a un intérêt personnel à la procédure (c'est-à-dire s'il a un lien direct avec l'un des créanciers).
Le conciliateur assiste le dirigeant ou l'entrepreneur pour mettre en œuvre les solutions permettant d'assurer la pérennité de l'entreprise.
En accord avec le dirigeant ou l'entrepreneur, le conciliateur élabore un protocole d'accord à négocier avec les créanciers de l'entreprise pour obtenir des délais de paiement ou des remises de dettes.
La rémunération du conciliateur est fixée en accord avec l'entrepreneur ou le dirigeant. Cet accord est annexé à l'ordonnance de nomination rendue par le président du tribunal.
La procédure de conciliation est prévue pour une durée de 4 mois maximum. Mais elle peut être prolongée d'un mois à la demande du conciliateur sans que la durée totale excède 5 mois.
À savoir : la demande de prolongation se fait uniquement sur demande du conciliateur auprès du président du tribunal.
L'objectif de la procédure de conciliation est de parvenir à un accord amiable entre l'entreprise et ses principaux créanciers (par exemple, administration fiscale, sociale, banque), pour résoudre les difficultés financières rencontrées.
L'entrepreneur ou le dirigeant peut demander au juge des délais de paiement (dans la limite de 2 ans) à l'égard d'un créancier qui l'a assigné en paiement. Il peut aussi demander l'arrêt ou l'interdiction de toute action en justice de la part de ce créancier.
Cet accord est :
- Soit constaté, à la demande des créanciers et de l'entreprise en difficulté, par une ordonnance du président du tribunal,
- Soit homologué à la demande de l'entreprise en difficulté, par un jugement du tribunal. Toutefois, cet accord doit préserver les intérêts des créanciers qui ne l'ont pas signé.
En l'absence d'accord, la procédure de conciliation prend fin.
Dès lors que la procédure de conciliation est déclenchée, les créanciers ne peuvent plus demander le redressement ou la liquidation de l'entreprise.
L'accord de conciliation peut prévoir les points suivants :
- Délais de paiement pour les dettes du débiteur
- Remises de dettes
- Remises des intérêts et pénalités de retard
Une fois qu'un accord a été trouvé, les créanciers et l'entreprise en difficulté peuvent demander au président du tribunal de constater leur accord. Cette constatation permet de donner force exécutoire à l'accord, c'est-à-dire qu'il peut être appliqué par les parties.
Les créanciers qui ont signé cet accord ne peuvent pas obtenir le paiement de leurs créances auprès de l'entreprise en difficulté.
À savoir : la constatation de l'accord n'est pas publiée.
Si l'accord constaté n'est pas respecté par les parties, le tribunal saisi par le créancier ou l'entreprise peut prononcer l'annulation de cet accord.
Elle a lieu à la demande de l'entreprise en difficulté. Le tribunal homologue l'accord obtenu si toutes les conditions suivantes sont réunies :
- L'entreprise en difficulté n'est pas en cessation des paiements ou l'accord conclu y met fin
- Les termes de l'accord permettent d'assurer la pérennité de l'activité de l'entreprise
- L'accord préserve les intérêts des créanciers non signataires
L'homologation permet aux créanciers ou partenaires qui apportent des fonds, des biens ou des services à l'entreprise dans le cadre de l'accord d'avoir une priorité de paiement dans le cas où l'entreprise ferait l'objet d'une sauvegarde, d'un redressement ou d'une liquidation judiciaire. De plus, ils ne pourront pas se voir imposer des délais de paiement.
Le jugement d'homologation est déposé au greffe du tribunal de commerce où tout intéressé peut en prendre connaissance. La procédure devient donc publique.
À savoir : lorsqu'il en existe un, le comité social et économique (CSE) est informé par l'entreprise en difficulté du contenu de l'accord lorsqu'elle demande l'homologation.
Si les créanciers ne sont pas parvenus à un accord, le conciliateur présente son rapport au président du tribunal. Celui-ci met fin à la mission du conciliateur et à la procédure de conciliation.
Source : service-public.fr. Photo : Mohamed Hassan-Pixabay.
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