L'alimentation humaine est l'alimentation des êtres humains, par opposition à celle des plantes et de l'alimentation animale.
Besoin primaire de l'espèce, elle n'en est pas moins à l'origine d'importants investissements socioculturels qui prennent la forme de cuisines, gastronomies, repas rituels, de familles ou d'apparat, etc., autant de phénomènes ayant beaucoup évolué avec les époques, les cultures, les modes et les échanges, et notamment étudiés par l'anthropologie de l'alimentation.
En France l'alimentation se distingue, par exemple, par l'introduction de fromages, escargots, voire de grenouilles ; d'autres habitudes traditionnelles introduisent des insectes ou des algues, par exemple en Asie.
Pour des raisons de santé publique, sur le plan de la sécurité alimentaire et de l'hygiène, ou de la prévention, l'alimentation humaine est source d'un important corpus de guides de bonnes pratiques et de réglementations nationales ou supranationales (Codex Alimentarius).
La majorité de l'alimentation ordinaire de la plupart des populations provient directement ou indirectement des plantes domestiquées. 5 % des calories consommées sont fournies par des espèces sauvages. Les animaux d'élevage fournissant environ l'essentiel de la viande consommée (38 % pour la viande porcine, 30 % pour la viande de volaille et 25 % pour la viande bovine), le reste étant fourni par la chasse. 75 % des aliments de la planète proviennent d'à peine 12 espèces végétales cultivées et 5 animales.
Selon les estimations difficiles à effectuer, sur les près de 400 000 espèces de plantes recensées dans le monde, 5 538 servent comme nourriture humaine. Alors qu'il y a 80 000 espèces comestibles, 50 assurent à elles seules 90 % de l'alimentation humaine (les trois cultures de base, blé, maïs et riz, fournissent 60 % des apports nutritionnels (calories et protéines) alors que le sorgho, le millet, les pommes de terre, les patates douces, le soja et le sucre fournissent un autre 25 %).
Les besoins alimentaires de l'être humain actuel résultent d'un processus évolutif de plusieurs millions d'années durant lesquels la pression de l'environnement a modelé son patrimoine génétique. Cependant, depuis l'apparition de l'agriculture, il y a 10 000 ans, à la « révolution néolithique » et depuis la Révolution industrielle, l'adaptation génétique a été incapable de suivre le rythme des changements culturels : l'humain du XXI siècle est en effet précédé « par seulement deux ou trois générations ayant connu une alimentation sophistiquée, de plus en plus modelée par l'ingénierie agroalimentaire, par 10 générations pendant l'ère industrielle, par environ 500 générations qui n'ont vécu presque exclusivement que de l'agriculture, et par plus de 1 000 000 générations n'ayant connu que la chasse, la pêche et surtout la cueillette ». La sélection naturelle, opérant graduellement et très lentement sur de nombreuses générations, n'a pas eu le temps d'inscrire dans le patrimoine génétique (plus de 99 % de l'héritage génétique de l'humain actuel est antérieur au stade Homo sapiens) des aptitudes spécialisées — capacités métaboliques et nutritionnelles — répondant aux énormes changements de choix des produits alimentaires et des habitudes alimentaires complètement bouleversées depuis la fin du XX siècle. Ce fait évolutif, associé à l'observation de maladies civilisationnelles inconnues des populations de chasseurs-cueilleurs (maladie coronarienne, hypertension artérielle, diabète de type 2, obésité et peut-être certains cancers), est à l'origine d'un courant de pensée, la médecine évolutionniste, qui considère, de manière excessive, que l'alimentation et l'activité physique actuelles devraient reproduire le modèle de l'alimentation pré-agricole et le mode de vie paléolithique.
Une alimentation saine consiste à manger des aliments sains (non pollués, non avariés) tout en veillant à l'équilibre alimentaire (c'est-à-dire à consommer ni trop ni trop peu de nutriments essentiels tels que les vitamines et les oligo-éléments, de protéines, de glucides, de lipides, de fruits, de légumes).
Certains régimes alimentaires traditionnels ont un impact favorable sur la santé. Les habitants de l'île japonaise d'Okinawa ont l'espérance de vie la plus longue au monde. Leur alimentation a de nombreux points communs avec celle du « régime crétois » : utilisation d'huile, peu de graisses animales, consommation de légumes et de poissons, régime frugal. Le microbiote joue aussi un rôle important et permet de mieux comprendre ces faits. Une alimentation saine inclut un minimum de diversité dans les aliments.
L'alimentation est l'un des facteurs influençant l'espérance de vie en bonne santé et la qualité de vie. Ainsi au Royaume-Uni, une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge, en partenariat avec le Conseil de la recherche médicale, a mené une enquête sur 20 244 individus (dont 1 987 sont décédés en cours d'enquête) pendant quatorze ans (1993-2007), afin de déterminer l'impact du mode de vie sur l'espérance de vie. L'étude conclut que le « mode de vie idéal » - absence de tabac, consommation d'alcool égale ou inférieure à un demi verre par jour, consommation de cinq fruits et légumes par jour, exercice physique d'une demi-heure par jour - majore l'espérance de vie de quatorze ans par rapport au cumul des quatre facteurs de risque. Le cumul des quatre facteurs de risque (tabac, alcool, manque de fruits et légumes et d'exercice physique) multiplie le risque de décès par 4,4, trois facteurs, de 2,5, deux facteurs de près de 2 et 1 facteur de 1,4. Selon le professeur Kay-Tee Khaw, premier signataire de l'étude, « c'est la première fois que l'on analyse l'effet cumulé des facteurs de risque sur la mortalité ».
L'agriculture, l'élevage, la pêche et la chasse cumulent leurs effets et ont conduit à une déforestation et à une eutrophisation de nombreux milieux, ainsi qu'à une surexploitation des ressources planétaires, causant la disparition de nombreuses espèces. Le système de production alimentaire, en dégradant les puits de carbone et en contribuant à l'émission de plusieurs gaz à effet de serre, est aussi devenu une cause majeure du changement climatique, et en retour le climat rend ce système plus vulnérable. Il est cause de changement dans l'occupation et l'utilisation des sols (au détriment de la biodiversité et des écosystèmes marins), d'épuisement de ressources (en phosphore et en eau douce notamment) et de pollution des écosystèmes aquatiques et terrestres (par des apports excessifs d'azote, de phosphore et de pesticides). Un enjeu est de réussir à produire plus en polluant moins et en cessant de surexploiter les ressources naturelles pas, peu, difficilement, lentement ou couteusement renouvelables.
Selon un Atelier de réflexion prospective Inra-Cirad DuALIne pour une alimentation durable(ALID), les enjeux d'une alimentation saine et suffisante sont de santé publique, de survie pour l'humanité, et de moindre impact écologique (durabilité) pour la planète. Les différents « types de mangeurs » ont des impacts très différents selon les quantités et qualité d'aliments consommés, et parfois gaspillés, et selon la manière dont ils ont été produits ; l'agriculture est vulnérable au changement climatique, à la surexploitation des ressources et de plus en plus en concurrence avec d'autres usages des sols (urbanisme pour répondre à une démographie rapidement croissante dans le monde, foresterie, agrocarburants, zones d'activité, réseaux routiers…), notamment dans les pays développés et en développement.
En 2018, une étude prospective a conclu que de 2010 à 2050 la croissance attendue de la population et du niveau de vie moyen devraient aggraver de 50 à 90 % les effets environnementaux du système alimentaire. Sans changements agrotechnologiques et sans mesures d'atténuation spécifiques (éviter-réduire-compenser), ces effets pourraient dépasser ceux que les écosystèmes terrestres peuvent supporter. Parmi les options possibles pour limiter ces effets figurent des changements alimentaires (manger plus sain et plus végétarien) et des améliorations techniques et de gestion (pour limiter les pertes et moins gaspiller). Aucune de ces mesures ne suffirait à elle seule, une combinaison synergique de ces mesures est nécessaire.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avertit en 2019 que l’avenir de l'alimentation humaine est « gravement menacé » par le fort déclin de la biodiversité dans le monde.
Texte et photo sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici
Une diététicienne :
75011 - LAETITIA WILLERVAL, DIETETICIENNE NUTRITIONNISTE DIPLOMEE D’ETAT DEPUIS 2013 https://www.meilleure-dieteticienne-paris.com