Une équipe de l’Inserm et de l’Université de Caen Normandie, en collaboration avec des chercheuses et chercheurs de l’Université de Jena (Allemagne) et du University College London (Royaume Uni), a étudié les bénéfices potentiels d’interventions de méditation et d’éducation à la santé chez des personnes ressentant un déclin de leur mémoire.
Ils montrent que l’apprentissage de la méditation de pleine conscience améliorerait la compassion envers soi-même, tandis que l’éducation à la santé favoriserait une pratique accrue d’activité physique.
Le « déclin cognitif subjectif », c’est lorsque la personne rapporte ressentir une dégradation de ses facultés cognitives sans que cela ne soit apparent lors des tests cognitifs standards. Les études ont montré que ces personnes présentaient un risque plus élevé de développer un déclin cognitif réel.
De précédents travaux ont conclu que la méditation de pleine conscience et l’éducation à la santé (une pratique qui consiste à mettre en œuvre pour soi-même des mesures de prévention et de soins bénéfiques à son état de santé) présenteraient un impact positif, toujours présent à six mois, sur l’anxiété chez les personnes déclarant un déclin cognitif subjectif.
De manière plus globale, la compassion envers soi (sentiment de bienveillance à l’égard de soi-même, sentiment d’humanité commune et sentiment de bienveillance à l’égard des pensées négatives) ainsi que l’activité physique ont précédemment été associées à une meilleure santé mentale, elle-même associée à une amélioration de l’état de santé général, du bien-être et de la qualité de vie.
Un groupe de recherche européen coordonné par Julie Gonneaud, chercheuse Inserm au sein du laboratoire Physiopathologie et imagerie des maladies neurologiques (Inserm/Université de Caen Normandie), Olga Klimecki, chercheuse à l’Université de Jena (Allemagne), et Nathalie Marchant, chercheuse au University College London (Royaume-Uni), a étudié l’impact de huit semaines de cours de méditation de pleine conscience et d’éducation à la santé sur la compassion envers soi-même et sur la pratique de l’activité physique chez des personnes déclarant un déclin cognitif subjectif.
L’essai a inclus 147 patients de cliniques spécialisées dans les troubles de la mémoire en France, en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni. Un groupe a suivi pendant huit semaines les cours de méditation, pendant que l’autre suivait les cours d’éducation à la santé. L’impact des interventions a été évalué par des tests sanguins, des évaluations cognitives ainsi que des questionnaires.
Les chercheuses et chercheurs ont observé que les participants ayant suivi la formation à la méditation de pleine conscience montraient une amélioration de leur compassion envers soi. Les participants ayant suivi la formation d’éducation à la santé montraient, eux, une augmentation de leur activité physique. Ces changements étaient toujours présents six mois plus tard.
Le fait que ces améliorations semblent se maintenir après six mois de suivi suggère que ces nouvelles compétences et habitudes ont été intégrées dans la vie des participants.
Selon Natalie Marchant, qui a dirigé l’essai, « de plus en plus de personnes vivent jusqu’à un âge avancé, et il est crucial que nous trouvions des moyens de soutenir la santé mentale et physique des personnes qui vieillissent ».
« La compassion envers soi peut être d’une grande importance pour les personnes âgées. Elle pourrait améliorer le bien-être psychologique afin de promouvoir un vieillissement en bonne santé », ajoute Olga Klimecki. « Nos résultats constituent un premier pas encourageant vers la mise en place d’une intervention fondée sur la pleine conscience, qui pourrait être utilisée pour renforcer la compassion envers soi chez les personnes âgées. »
Julie Gonneaud complète : « Bien que l’activité physique ait été scientifiquement associée à une meilleure santé physique, cognitive et mentale, la manière de la promouvoir dans la vie quotidienne reste un défi. Compte tenu de l’effet particulièrement délétère de la sédentarité sur la santé des populations vieillissantes, le fait de montrer que les programmes d’intervention en éducation à la santé peuvent renforcer l’engagement dans l’activité physique chez les personnes âgées est particulièrement prometteur pour la promotion d’un vieillissement en bonne santé », conclut-elle.
Source et photo : inserm.