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En tongs au pied de l'Himalaya


Pauline est la maman d’Andréa, 6 ans et demi, un petit garçon formidable à qui on a diagnostiqué un TSA : un « trouble du spectre autistique ». Il n’est pas vraiment au niveau mais il est toujours scolarisé et s’apprête à faire sa rentrée en grande section de maternelle. Pour Pauline, sans revenus fixes et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andréa, tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs. Or pour Andréa, c’est une année cruciale qui va déterminer s’il peut ou non rester scolarisé et obtenir ainsi une meilleure chance de voir son état s’améliorer. Mais pour cela, Andréa a besoin de stabilité et pour Pauline, la lui apporter, c’est un peu (beaucoup) gravir l’Himalaya en tongs.

ENTRETIEN AVEC JOHN WAX

Comment est né ce film ?

Alors que je venais de terminer BARBAQUE avec Fabrice Eboué, David Gauquié, le producteur de Cinéfrance, m’a demandé si j’avais des envies pour réaliser mon propre film. Nous étions juste avant le confinement et mon amie Marie-Odile Weiss, qui créait son spectacle, m’a invité à la première. Il s’appelait EN TONGS AU PIED DE L’HIMALAYA et était inspiré de son histoire personnelle, celle de mère d’un enfant autiste. Au-delà du titre que j’aimais bien, j’ai adoré ce seule-en-scène parce qu’il était à la fois drôle, touchant, et il y avait déjà tous les éléments pour faire un bon film. Les salles de spectacle ayant fermé dès le lendemain, elle n’a pu donner qu’une représentation. Mais lorsque j’ai déjeuné avec David, je lui ai raconté la pièce, puis lui ai fait lire le texte et il a été tout aussi séduit. J’ai donc appelé Marie-Odile pour lui demander si ça l’intéresserait d’adapter sa pièce en film et nous avons commencé à travailler ensemble l’écriture d’un scénario qui mêlait des expériences vécues comme sa relation avec la maîtresse de son fils et d’autres choses qui m’étaient plus personnelles. Voilà pourquoi il y a aussi beaucoup de moi dans le personnage de Pauline, la mère, notamment dans son rapport à la famille.

Audrey Lami s'est-elle rapidement imposée dans ce rôle ?

Dès le départ, c’était une évidence pour moi. Je l’avais découverte dans POLISSE , le film de Maïwenn, et en une scène, elle m’avait impressionnée. Plus tard, en tournant avec elle sur COEXISTER , le film de Fabrice Eboué, nous nous étions très bien entendus et j’ai découvert qu’elle était capable de tout jouer. On la voit beaucoup dans des pures comédies mais j’ai toujours pensé qu’elle était capable de varier les genres car c’est une très grande comédienne. Voilà pourquoi j’étais content de lui proposer une partition plus dramatique. Je savais qu’elle serait capable d’incarner un personnage de comédie susceptible de nous prendre par l’émotion.

Avez-vous mis du temps à trouver l'enfant qui incarnerait Andrea ? 

Joan Borderie, la directrice de casting enfants, a vu des centaines de jeunes acteurs. A partir des vidéos qu’elle m’envoyait, je me faisais une première idée, puis j’en ai revu quelques dizaines en essais et deux ont particulièrement attiré notre attention. Le premier, c’était une vraie nature : face à la caméra, il était très marrant et très attachant mais Eden sortait du lot car en le voyant, on sentait que malgré ses 8 ans, on pourrait vraiment travailler avec lui. En amont du tournage, il a préparé son rôle avec une coach et MarieOdile l’a aiguillé pour lui montrer la gestuelle et la manière de parler d’un enfant autiste. Elle lui a aussi montré des vidéos et l’a présenté à son fils lors d’un déjeuner. Une fois sur le plateau, Eden était un vrai partenaire pour Audrey et moi, je l’ai dirigé comme n’importe quel comédien. Il imprimait chaque indication, intégrait les consignes à son jeu, comme un vrai petit comédien. Et aujourd’hui, quand les gens qui ont vu le film me demandent si le jeune acteur est vraiment autiste, je le prends comme le plus plus beau des compliments.

Vous êtes-vous documenté sur l'autisme ?

Oui, j’ai lu des livres, regardé des documentaires. Cela m’a permis de nourrir le scénario car dans la pièce, Marie-Odile évoquait son fils, de sa naissance à ses 11 ans, et dans le film, il fallait resserrer pour se concentrer sur une année scolaire. Mais ce n’est pas un film que sur l’autisme, c’est une histoire qui raconte comment on se reconstruit quand on est une femme de 40 ans, séparée avec un enfant. Ayant deux enfants de deux femmes dont je suis séparée, c’est un sujet qui me parle.

Comédie de John Wax. Propos recueilli par Audrey Le Pennec. 4,1 étoiles AlloCiné.

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