Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie.
J’avais rencontré Irène Muscari au cours de mon travail de repérage d’écriture sur Un triomphe, mon film précédent. Elle travaillait comme coordinatrice culturelle en milieu carcéral au Centre pénitentiaire de Meaux et m’avait très bien conseillé sur le scénario et le tournage du film. Quand on a commencé à parler de mon film suivant c’est elle qui a eu cette idée formidable de la greffe de moelle. Elle n’avait jamais écrit de scenario mais son point de vue féminin me semblait indispensable, alors on s’est lancé. Elle m’a épaté, elle a appris très vite et j’ai découvert une vraie scénariste. Elle a un regard très juste, les idées fusent et nous sommes complémentaires. Moi, j’ai le bagage technique, le sens de la structure générale et des dialogues, elle a une approche tout en finesse de la psychologie des personnages et des interactions humaines. Et puis on a des affinités en termes de goûts, de cinéphilie. Finalement, ce qui devait être au départ juste un contrepoint s’est vite transformé en écriture à quatre mains.
Non, pas de mantra, juste un bain musical qui soit à l’image du foisonnement du film. On aborde des registres musicaux très différents, mais j’ai essayé de rester conforme à mes goûts tout en proposant un paysage musical varié. Que ce soit le classique que dirige Thibaut et que Jimmy découvre à travers lui, ou le jazz que les deux frères partagent, ou des partitions plus inattendues comme la chanson d’Aznavour... J’écoute beaucoup de musique, Irène est aussi très mélomane. On s’est quand même fait aider par le compositeur Michel Petrossian.
J’ai choisi Pierre Lottin très tôt puisqu’il jouait dans Un triomphe. Le rôle de Jimmy a été vraiment écrit pour lui. En revanche, je n’avais pas tout de suite pensé à Benjamin Lavernhe, car au départ, le chef d’orchestre était le cadet et cette configuration nous posait problème pour le casting. C’est en décidant d’inverser les âges que Benjamin s’est imposé tout naturellement.
C’est précieux de savoir ce que ça représente d’être devant une caméra. Pour moi, les comédiennes et les comédiens sont des condisciples. Il y a entre nous une affinité qui se crée tout de suite. Sur ce plan les acteurs éprouvent parfois un manque face aux cinéastes, alors quand ils tombent sur un réalisateur qui connaît leur métier, qui parle le même langage et est en empathie, ils sont en confiance. Or la confiance est capitale. Je leur laisse toujours une liberté. Ils peuvent improviser à l’intérieur d’un cadre précis. Les dialogues sont écrits mais je reste ouvert aux bonnes surprises et ce, quelle que soit l’importance du rôle. Benjamin, par exemple, est très inventif. Il propose sans arrêt des choses, cherche à nourrir le personnage et les situations. C’est un virtuose, très perfectionniste. Et quand c’est trop, on épure au montage.
Comédie, Comédie dramatique, Drame de Emmanuel Courcol. Propos recueilli par Laurence Granec et Vanessa Fröchen. 4,3 étoiles AlloCiné.