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La famille Hennedricks


Quand son fils Henri menace de partir vivre chez son père, Justine l’embarque de force dans un road trip sur la côte Atlantique avec son nouveau compagnon Ludo et son beau-fils Joseph. Au programme des vacances : unir sa famille recomposée coûte que coûte !


Entretien avec la réalisatrice, Laurence Arné.


Quel a été le point de départ du projet ? 

J’avais envie de parler de la recomposition familiale car j’était en plein dedans ! À partir de là, je me suis demandé comment on pouvait « faire famille » autrement, en sortant d’un schéma traditionnel. En y réfléchissant, j’ai compris qu’il fallait assumer la dysfonctionnalité pour aller vers un modèle qui nous ressemble davantage. Ce qui signifie qu’en tant qu’adulte, on a fait sauter les verrous des conventions sociales, on s’est libéré. J’avais moi-même vécu un premier échec familial, je ne voulais pas me rater sur le deuxième. C’est le point de départ de Justine : elle culpabilise de la séparation avec le père de son fils, elle va donc tout faire pour le réparer et l’aider à retrouver l’envie de faire famille à nouveau, différemment, quitte à l’embarquer de force dans ce road trip, sur la route de son enfance dont elle est totalement nostalgique. 

Comment s'est passée l'écriture ? 

J’ai commencé à écrire le scénario seule pendant un an et demi, puis j’ai fait une consultation avec Sara Wikler qui a mené un travail analytique sur les personnages et les enjeux. Elle dit toujours qu’une comédie doit avoir la même intensité narrative qu’un thriller. J’ai donc quasiment effectué un travail thérapeutique sur chacun des personnages pour qu’il n’y ait rien d’artificiel et que les bascules de conscience soient toutes légitimes. J’aime le cinéma qui me raconte des histoires crédibles et contemporaines. Quand ce n’est pas suffisamment réaliste, je me détache de l’histoire. J’ai besoin de croire profondément au parcours des protagonistes.

Vous évoquez aussi la charge mentale qui pèse sur Justine. 

Tout à fait. Je voulais parler du rôle des femmes dans les familles et dire à quel point elles se plient en quatre pour que la vie familiale soit fluide et joyeuse, sans jamais faire peser sur les autres l’énergie que cela exige d’elles. Les enfants ne voient que la partie visible de l’iceberg, et c’est normal, mais quel boulot en backstage ! On le fait par amour évidemment, mais par moments c’est dur, surtout quand on n’apparaît même pas sur les photos de vacances alors que c’est nous qui les avons organisées. Justine se sent d’autant plus responsable du bon déroulement des vacances que c’est elle qui les a embarqués dans cette aventure.

Le voyage prend l'allure d'un périple initatique où chacun est bousculé, chahuté, et on apprend davantage sur les autres, mais aussi sur soi.

C’est un fiasco total, certes, mais ils ont enfin créé quelque chose ensemble ! Cette aventure les amène à mieux se connaître, forcément ils vivent à 4 dans un 2m2, ils n’ont pas trop le choix. Mais la lose rapproche toujours. Ce sont d’ailleurs souvent les meilleurs souvenirs de vacances. Pour Justine, c’est impératif que cette bande crée enfin quelque chose ensemble. C’était vraiment mon ambition, de sentir qu’à la fin, l’aventure et les péripéties, les ont liés à jamais.  

La musique joue un rôle cathartique et soude les membres de cette famille improbable.

C’est un personnage à part entière. À l’origine, quand Henri retrouve sa flûte de Pan, c’est délibérément pour emmerder tout le reste de la famille ! Il veut saper le road-trip, et puis finalement, il y prend goût. En écrivant le film, j’ai souvent pensé que la famille était comme un groupe de rock. Chacun doit trouver son instrument, sa voix, faire ses gammes, se mettre au diapason des uns et des autres, trouver un tempo commun pour enfin créer l’harmonie. Mais il faut aussi accepter les fausses notes car elles donnent tellement de charme à une famille. C’est ce que Justine va finir par comprendre. 

Comédie de Laurence Arné. 3,4 étoiles AlloCiné.

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