Karaoké

Après une soirée pleine d’excès, Bénédicte, célèbre chanteuse d’opéra, voit sa carrière s’écrouler. Fatou, passionnée de karaoké, est la seule à lui tendre la main. Elle a une idée derrière la tête : la convaincre de participer au grand concours national de karaoké.

Entretien avec le réalisateur, Stéphane Ben Lahcene.

Comment vous est venue lʼidée de réunir deux femmes que tout oppose autour du karaoké ?

Cela part dʼune double envie. Lʼenvie de faire un film de concours qui donnerait de la joie au public. En lʼoccurrence dans le domaine du chant et du karaoké. Et lʼenvie de télescoper deux mondes qui nʼont rien à voir. À savoir celui populaire dont je suis issu et celui plus privilégié que je connais depuis que je fais du cinéma. 

Vous êtes-vous documenté sur le karaoké. Y a-t-il vraiment des championnats ?

Il y a évidemment toujours un gros boulot de documentation en amont dʼune écriture. Jʼai aussi essayé les salles de karaoké. Et oui, il existe bien un championnat de France et un championnat du monde mais ils ont été suspendus depuis la pandémie de Covid. Ils reprennent cette année. Jʼai donc écrit et filmé en mélangeant les sources disponibles et les envies de cinéma que je pouvais avoir. Un concours plus petit que dans la réalité quand on est au niveau régional (pour plus de comédie) plus gros ensuite quand on arrive en finale monde (pour plus dʼémotion). Mais pour les candidats, que ce soit dans la réalité ou dans mon film, il y a la même envie de faire le show. Jʼai aussi ajouté des éléments à ma façon. Le popcorn duet dans lequel les membres dʼun duo doivent chanter un mot sur deux, Bénédicte et Fatou passent cette épreuve sur « Alors on danse » de Stromae qui existe mais pas dans les concours officiels. Jʼai pris la liberté de lʼajouter et nos deux actrices y sont formidables. Mais je dois avouer que cela a été techniquement lʼune des scènes les plus compliquées à tourner et à monter.

Comment avez-vous travaillé les scènes de karaoké, avez-vous vraiment fait chanter Michèle et Claudia ? Ou était-ce enregistré avant et puis en play-back sur le plateau ?

Oui elles chantent vraiment et je savais quʼelles en étaient capables, ce nʼétait pas une question. Michèle a cette expérience au sein des Enfoirés, Claudia a joué et chanté dans la comédie musicale « Ghost » ou dans « Yo Mama ». Nous avons enregistré les chansons en amont mais les actrices les chantaient vraiment sur le plateau.

Est-ce que vous avez tourné au Japon ? 

Préparation et repérage compris, nous sommes restés au Japon une grosse semaine. Il y avait une partie de mon équipe française épaulée par une équipe de production et de techniciens japonais. Une trentaine de personnes en tout. Cʼétait professionnellement très enrichissant de partager nos expériences et nos process. Un séjour court mais très intense.

Deux mondes qui se découvrent et sʼacceptent cʼest un message que vous aviez envie de faire passer et est-ce quʼil passe mieux à travers les femmes ?

Je ne sais pas si cela passe mieux à travers les femmes mais oui cʼest important le respect et lʼacceptation de lʼautre. Chaque film est porté par une idéologie, même les comédies les plus populaires, alors oui si ce film doit être porté par des valeurs, jʼaime lʼidée que ce soient celles-là. Nous vivons une époque troublée et je trouve intéressant de raconter quʼon peut passer au-delà des différences pour vivre ensemble et sʼapprécier, sʼaimer. Alors est-ce un message que jʼai voulu faire passer ? Disons plus simplement que lʼhistoire de Fatou et Bénédicte, leur amitié, est un exemple qui fait du bien.

Comédie de Stéphane Ben Lahcene. Propos recueilli par Audrey Le Pennec et Leslie Ricci. 3,2 étoiles AlloCiné.