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Louise Violet


1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet doit y imposer l’école de la République (gratuite, obligatoire et laïque). Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants… ni auprès des parents.

ENTRETIEN AVEC ÉRIC BESNARD

Comment est née cette l’histoire ?

Mes trois premiers films rendaient hommage à mes gouts de cinéphile, et les trois suivants à mes proches (ma mère, ma femme et mon père). Je me suis dit que j’allais laisser mes enfants tranquilles et j’ai décidé de travailler sur mon pays, sur l’identité française et ses spécificités. J’ai commencé à plancher sur le siècle des Lumières, j’ai découvert la création du premier restaurant et ça a donné Délicieux. J’ai alors dit à mon producteur, Christophe Rossignon, que j’avais envie de poursuivre dans cette voie en abordant le concept de République. Qui dit République dit troisième République et qui dit troisième république dit éducation, un thème qui m’est cher depuis longtemps. L’idée de faire un film sur l’école de Jules Ferry puis sur les premières institutrices envoyées dans les campagnes et projetées dans un monde d’hommes à la fin du 19e siècle est née ainsi. Cette opposition, la rencontre entre deux mouvements, l’un progressiste, et l’autre conservateur, était intéressante.

Louise Violet a-t-elle existé ?

Elle n’a pas existé, elle est un agrégat de plein de choses. Louise c’est le prénom que je donne à quasiment tous mes personnages féminins. On peut y voir aussi une référence à Louise Michel mais il faut préciser que cette figure révolutionnaire a été une institutrice disons autonome avant la Troisième République, elle ne fait pas partie des hussards noirs. Par contre, oui, le point commun qu’elle a avec mon personnage c’est d’avoir fait la Commune et d’être allée au bagne. Mais Louise Michel est restée révolutionnaire tandis que mon personnage choisi de devenir réformatrice.

Qu’est-ce qui vous a décidé à confier le rôle de Louise Violet à Alexandra Lamy ?

Pour Louise, je voulais quelqu’un qui symbolise l’institutrice : sympathique, empathique et issue de la société civile. Alexandra cochait toutes les cases. Populaire dans les deux sens du terme, c’est typiquement la « girl next door » capable de faire face aux personnages masculins qu’elle va affronter et de se les mettre dans la poche. Or depuis le début mon idée était de confronter une actrice de cinéma à des acteurs issus du théâtre. Alexandra est une actrice explosive qui a fait pratiquement toute sa carrière dans la comédie, il fallait surtout retenir ce qui vibre en elle, cette énergie qu’elle a, tout en lui laissant exprimer ce que Louise a vécu et qui est latent, enfermé : la violence de la Commune, la douleur liée à la perte d’êtres chers, la colère, la rage, bref le feu sous la glace. Cela a été un vrai plaisir de lui confier ce rôle dramatique.

C’est la troisième fois après Délicieux et Les choses simples que vous dirigez Grégory Gadebois qui incarne ici Joseph, le Maire du village. Qu’est-ce que vous aimez chez lui ?

Qu’est-ce que j’aime chez lui ? Il est unique ! C’est très impressionnant. Je n’ai pas d’autres exemples que lui d’ailleurs. Il a cette humilité qui semble relever du complexe d’infériorité mais qui cache en fait un extraordinaire observateur du genre humain. D’ailleurs il reste toujours sur le plateau même quand il ne joue pas. Pour être disponible, mais aussi, j’en suis convaincu, pour « voler » des attitudes, des gestes, des hésitations. Il travaille.

Drame, Historique de Eric Besnard. 3,9 étoiles AlloCiné.

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