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Girls Will Be Girls


Mira, 16 ans, mène une vie d'élève modèle dans un pensionnat d'élite au nord de l'Inde. Alors que les examens approchent, sa mère Anila revient s'installer dans la région pour la soutenir et veiller sur elle. Mais la rencontre de Mira avec un nouvel élève, Sri, va semer le trouble dans la relation entre les deux femmes, chacune se retrouvant confrontée à ses propres désirs.


Entretien avec la réalisatrice, Shuchi Talati.

Comment avez-vous décidé de devenir cinéaste ?

Cela m’est venu par accident. J’ai grandi en Inde dans une petite ville, Baroda. On nous incitait à nous tourner vers des métiers plus stables. J’étais une assez bonne élève et je pensais devenir médecin, comme mon père nous avons beaucoup de médecins dans la famille. Il ne m’est pas venu à l’esprit que je pouvais faire autre chose ! Les bons élèves font des études de médecine ou d’ingénieur. Un jour, un ami m’a demandé : « Qu’est-ce que tu aimerais faire ? Tu n’y as jamais pensé ! » J’ai dit : « Si ! Je ne veux pas être ingénieur, donc je vais faire médecine ! » et il m’a répondu : « Il y a un monde de possibilités  ! » Ça m’a profondément remise en question. J’ai réalisé : « En fait, ce que j’aime, ce sont les histoires ! ». J’avais toujours un livre avec moi sous la table, même en marchant d’un cours à l’autre. Donc j’ai décidé d’étudier la littérature anglaise. J’avais un professeur qui proposait un cours facultatif d’analyse filmique.

Vos courts métrages ont abordé des sujets assez tabous relations ouvertes, menstruation. Cela a-t-il nécessité de l’audace ?

Je n’y ai pas vraiment pensé pour le film sur la relation ouverte, parce que je le faisais juste pour moi. Et il a fini par bien marcher. Je me posais davantage de questions lorsque j’ai réalisé A Period Piece. J’ai également choisi des acteurs sud-asiatiques, ce qui m’a permis de me sentir plus proche de chez moi. Je voulais montrer des gens qui me ressemblent comme des êtres sexuels, ce qui n’est pas toujours autorisé à l’écran ! Mais le casting a été très difficile. Beaucoup de gens m’ont dit : « J’ai aimé le scénario, mais désolé, je ne peux pas le faire ». Alors, me suis-je inquiétée de la façon dont les gens réagiraient au film ? Forcément. Mais je pense qu’il y a quelque chose dans le fait de réaliser des films le lâcher prise, peut-être qui vous rend plus courageux.

Dans quelle mesure votre expérience des courts métrages vous a-t-elle aidé à réaliser un long métrage ?

Les courts métrages m’ont permis de découvrir comment j’aime travailler avec les acteurs. J’ai appris à être à l’aise pour diriger des scènes intimes, à veiller que toute l’équipe le soit aussi. Je suis quelqu’un de très organisée, avec des tableaux, etc. Mais on ne peut pas préparer un long métrage comme on prépare un court métrage ! Lorsque vous tournez un court métrage pendant quatre jours, vous pouvez vraiment prévoir chaque jour de tournage. Mais sur un long métrage, c’est le chaos tous les jours ! Je ne peux pas approuver à l’avance chaque accessoire, chaque acteur à l’arrière-plan ni ce qu’ils portent. Ce sont autant de surprises le jour même. Toutes les décisions à prendre et les choses à évaluer j’ai trouvé cela stimulant.

L’ambiguïté autour de la question de savoir si une relation avec Sri est bonne ou mauvaise pour Mira est très intéressante. Vouliez-vous que le public soit partagé à ce sujet ?

En ce qui concerne la relation amoureuse, je voulais que le spectateur fasse le même voyage que Mira. Voici ce garçon, qui a vu plus de choses qu’elle dans le monde, qui peut lui ouvrir de nouvelles façons de penser et avec qui elle peut explorer sa sexualité en toute sécurité. Je veux que le public ressente cette séduction et ce charme. Il se soucie d’elle, de sa mère, et il trouve du réconfort dans cette maison, qui n’a rien à voir avec la sienne. Et pourtant, lorsqu’il utilise son charme pour obtenir des choses, pour être apprécié des autres... il y a quelque chose qui ne va pas. Et je suis très fière que Mira le réalise. Parce que je suis sortie avec des hommes comme ça et pendant des années, je n’en avais pas conscience.

Comédie, drame de shuchi talati. Propos recueilli Celia Mahistre & Cilia Gonzalez. 3.6 étloiles. AlloCiné.

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