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Le roman de Jim


Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu'au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque.

ENTRETIEN AVEC ARNAUD ET JEAN-MARIE LARRIEU

Comment est venue l’idée d’adapter le roman de Pierric Bailly ?

Jean-Marie : L’éditeur POL nous a fait parvenir « Le Roman de Jim ». Nous avions peur de nous retrouver face à une vision un peu sociétale de questions comme celle de la paternité, mais nous avons été marqués par le ton et les personnages. Nous avons appris plus tard que Pierric Bailly, qui appréciait nos films, était à l’origine de cet envoi.

Arnaud : Au-delà du sujet, c’est le romanesque qui nous a accrochés.Une manière d’écrire «comme dans la vie», qui n’est pas pour autant réaliste. Une véritable épopée se dessine à travers le récit de la vie quotidienne des personnages sur une longue durée. Des destins apparaissent au-delà des caractères.

Jean-Marie : Nous avons aussi reconnu des gens dont on parle peu et qui nous sont familiers. Il y a une question de classe sociale, des personnes qui se débrouillent avec des petits boulots, souvent en intérim. Toutes et tous ont cette manière de naviguer à vue dans la vie que nous affectionnons. La manière dont les rapports parentaux ou amoureux se construisent dans le roman nous a aussi rendus complices. Le personnage central faisait écho à nos films. Dans Tralala, il était question de quelqu’un qui arrive dans une ville, il ne connait personne et une famille l’accueille. Dans Fin d’été et La Brèche de Roland, nous avions aussi travaillé, au sein de la famille, les liens qui se créent en dehors des liens du sang.

On ressent une grande fluidité dans Le Roman de Jim, même si le récit s’étale sur 24 ans.

Jean-Marie :  On éprouve assez peu la sensation des ellipses dans la vie. Ce n’est qu’après coup, en se « retournant », qu’on s’aperçoit que le temps est passé, brutalement. 

Arnaud :  Nous avons joué avec ces deux dimensions concernant les personnages ; Aymeric évolue de manière imperceptible tandis que les autres, qu’on perd parfois puis qu’on retrouve, marquent plus physiquement le temps qui est passé. On retrouve alors le plaisir de l’ellipse , on cherche à reconstruire ce qui est arrivé, à deviner ce qui va survenir.

Les acteurs, justement, sont magnifiques, à commencer par Karim Leklou, nouveau venu dans votre galaxie.

Jean-Marie : Quelques jours avant la fin d’un processus de casting complexe, nous avons pris un café avec Karim Leklou que nous n’avions jamais rencontré. Après trois minutes, on s’est regardés avec Arnaud, c’était lui. 

Les jeunes acteurs, Noée Abita et Andranic Manet, sont aussi très pertinents.

Jean-Marie : Noée Abita nous intéresse depuis longtemps. Et il se trouve qu’elle est passée devant le café le jour où nous avons rencontré Karim Leklou. Comme un signe. Elle convenait très bien pour le rôle de sa sœur, un peu fermée mais qui comprend tout. Avec de petits éléments de jeu, Noée parvient à transmettre beaucoup. Malgré sa jeunesse elle fait preuve d’une maturité de jeu qui correspond à la maturité intérieure du personnage. Elle a aussi une spontanéité, un premier degré que nous recherchions dans ce film.

Arnaud : Andranic Manet, quant à lui, est impressionnant. Nous l’avions vu dans la série Le Monde de demain et chez Jean-Paul Civeyrac dans Mes Provinciales. Ce que nous aimons beaucoup, c’est que les choses n’ont jamais l’air de sortir facilement pour lui. Mais quand elles sortent, elles deviennent très émouvantes.

Comédie dramatique de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu. Propos recueilli par Monica Donati. 3.9 étoiles. AlloCiné.

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