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Un ours dans le jura


Michel et Cathy, un couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parle plus vraiment. Jusqu’au jour où Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. 2 morts et 2 millions en billets usagés dans le coffre, forcément, ça donne envie de se reparler. Et surtout de se taire.


ENTRETIEN AVEC FRANCK DUBOSC

UN OURS DANS LE JURA vous emmène sur un terrain inattendu, celui du film noir. Pour autant, il entretient certains thèmes de vos films précédents...

C'est presque par la force des choses  : j'ai un ADN que je ne peux et ne veux pas changer. Il y a donc un dénominateur commun à chacun de mes films. Et c'est souvent un rapport humain. Dans TOUT LE MONDE DEBOUT c'était celui d'un couple, dans RUMBA LA VIE, entre un père et une fille. Et à nouveau un couple dans UN OURS DANS LE JURA. Ce n'est ni calculé, ni une volonté ; ça m'est juste indispensable. Si je faisais un film sans, il me manquerait quelque chose ; j'aurais l'impression de truquer les choses. Ce que je ne veux pas.

Et vous vous êtes donné le rôle de Michel, sans que, comme dans les films précédents, ce soit le rôle principal. Les autres personnages d'UN OURS DANS LE JURA ont une place aussi importante.

Parce que je voulais cette fois-ci me laisser de la place en tant que réalisateur. Il n'y a pas beaucoup plus de personnages dans UN OURS DANS LE JURA que dans TOUT LE MONDE DEBOUT ou RUMBA LA VIE, mais je savais qu'il allait falloir que je tricote un peu plus leurs histoires pour éviter qu'elles ne passent à l'as. De plus, ici, ils ont tous un dénominateur commun : l'argent, qui passe entre les mains de tous d'une manière ou d'une autre.

Aller sur le terrain du film noir, c'est aussi aller sur celui, inattendu chez vous, de la violence ou des scènes d'action. Si cela correspond donc à vos goûts de spectateur, vous-êtes-vous posé des limites, pour ne pas déconcerter votre public ?

Je m'en suis imposé certaines et j'en ai franchi d'autres. Je suis conscient que certaines scènes vont faire tiquer ; je les ai parfois un peu atténuées en y ajoutant par exemple des musiques qui les dédramatisent. Si c'était mon premier film, je serai probablement allé plus loin dans la violence et l'action, mais je suis conscient que même si j'ai voulu me faire plaisir, je connais mon public, et qu'une partie aura du mal à accepter ce que je lui montre. Disons qu'avec UN OURS DANS LE JURA, il y a une sorte d'éducation réciproque à faire... D'autant plus qu'il ne faut pas prendre ce film comme un virage de ma part, mais davantage comme une émancipation. Rien ne dit que dans le prochain, il y aura de la violence.

Justement, vous avez fait appel pour les autres rôles à des acteurs avec lesquels on ne vous associerait pas forcément... Est-ce que cela correspondait aussi à cette envie d'élargir votre univers habituel ?

J'ai même changé de directeur de casting sur ce film pour en prendre un plus spécialisé dans le film « d'auteur ». Au final, il n'y a dans UN OURS DANS LE JURA qu'un seul acteur qui vienne de mon univers, celui qui joue le curé, Christophe Canard. Tous les autres, du garde-forestier en passant par la serveuse de bar viennent d'un autre registre. Même pour des petites scènes : la femme avec ses bébés à l’accueil de la gendarmerie, je l'avais vue dans ANATOMIE D'UNE CHUTE. J'aurais même adoré qu'Hélène Lambert, la non-professionnelle qui jouait une des femmes de ménage dans LE QUAI DE OUISTREHAM, soit dans UN OURS DANS LE JURA, mais ça n'a pas pu se faire. Ces choix de casting correspondaient à mon envie de donner une autre teinte, plus réaliste avec ce film.

Comédie, Thriller de Franck Dubosc. Propos recueilli par Audrey Le Pennec. 3,8 étoiles AlloCiné.

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